Casse-tête n Alors que le débat bat son plein sur l'opportunité d'un retrait militaire US d'Irak, le problème des réfugiés irakiens commence à se poser avec acuité. L'invasion de l'Irak en 2003 étant tenue pour largement responsable de cet exode, les Etats-Unis sont accusés de se désintéresser du sort des deux millions d'Irakiens réfugiés à l'étranger, auxquels s'ajoutent 1,7 million de déplacés à l'intérieur du pays, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'Irak comprend en outre 1,7 million de déplacés et 50 000 Irakiens continuent à fuir leur pays chaque mois, soit l'exode le plus important au Proche-Orient depuis celui des Palestiniens lors de la création de l'Etat d'Israël, en 1948, toujours selon le HCR. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a chargé, lundi, son adjointe à la Démocratie et aux Affaires globales, Paula Dobrianky, de lui remettre, dans quelques semaines, un rapport sur cette question. La chef de la diplomatie américaine doit, en outre, recevoir dans les prochains jours au département d'Etat le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, pour évoquer plus particulièrement ce sujet. Selon le HCR, 600 000 Irakiens se sont installés en Syrie et autant en Jordanie. Tom Lantos, le président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a jugé ces efforts «insuffisants» et réclamé un quintuplement des sommes prévues pour faire face à cette crise dans les deux ans à venir. Mais l'administration refuse d'assumer la responsabilité de l'ensemble des réfugiés irakiens en Syrie et Jordanie, soulignant que de nombreux Irakiens avaient fui le pays avant 2003 pour échapper au régime de Saddam Hussein. «C'est une responsabilité partagée globalement», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Washington s'intéressera en priorité aux Irakiens travaillant ou ayant travaillé pour l'armée ou l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad, comme interprètes, assistants ou employés de bureau. «Nous devons vraiment nous préoccuper des gens qui pourraient se retrouver en danger à cause de leur association avec nous», a noté Mme Rice. Les Etats-Unis pourraient aussi accroître leur aide financière au HCR, pour maintenir les réfugiés dans les pays voisins de l'Irak et encourager ainsi leur retour, car ils veulent éviter un exode massif des cerveaux qui affaiblirait durablement le pays. «Les réfugiés veulent rentrer chez eux», a affirmé récemment la secrétaire d'Etat adjointe chargée de la population, des réfugiés et des migrations, Ellen Sauerbrey, selon laquelle la meilleure façon de les aider n'est pas de les accueillir aux Etats-Unis, mais de pacifier leur pays.