Trophée n Nommé en 2007 à la sixième reprise en un quart de siècle pour la statuette dorée du meilleur metteur en scène, ce New-Yorkais de 64 ans était jusqu'ici toujours reparti les mains vides de la cérémonie. Martin Scorsese a remporté hier l'Oscar du meilleur réalisateur pour le film Les infiltrés qui a reçu l'Oscar du meilleur film. Inspiré par un film policier de Hong Kong, Infernal affairs, grand succès en 2002 au box-office asiatique, Les infiltrés n'est pas un «remake», s'est défendu Scorsese. ? Boston de nos jours, Colin Sullivan (Matt Damon), gamin irlandais pure souche, grandit sous la protection d'un parrain tout puissant, Frank Costello (Jack Nicholson), qui veille sur lui à distance. Brillant élève, Sullivan choisit la police, où son parcours sans faute lui promet une carrière fulgurante, mais celle-ci n'est qu'une couverture : il est en fait le «sous-marin» de Costello au sein de l'unité des Enquêtes spéciales chargée d'éliminer le chef mafieux. De son côté, Billy Costigan (Leonardo DiCaprio) grandit dans une famille de malfrats avec le rêve sincère de devenir flic, mais une fois l'examen obtenu haut la main – «t'es pas un flic, t'es un astronaute !», crache un supérieur – il doit déchanter. Suspicieux à son égard, ses chefs ne lui proposent qu'un boulot ingrat et Dangereux : infiltrer le gang de Costello en tant que «taupe». Côté acteurs, Forest Whitaker est distingué pour son portrait du dictateur ougandais Idi Amin Dada dans Le dernier roi d'Ecosse et la Britannique Helen Mirren, Elizabeth II dans The Queen. Jennifer Hudson, 25 ans, est repartie avec la statuette du second rôle féminin qui lui était promise pour la flamboyante comédie musicale Dreamgirls, nommée huit fois mais qui n'aura finalement remporté qu'un autre Oscar, celui du mixage. Le prix du meilleur acteur dans un second rôle a échu à Alan Arkin, 72 ans, couronnant une longue carrière relancée avec la comédie déjantée Little Miss Sunshine où il joue le grand-père acariâtre et obsédé sexuel. Ce film indépendant s'est également vu attribuer l'Oscar du meilleur scénario original. L'ancien vice-président démocrate Al Gore a reçu l'onction de Hollywood pour le film sur le réchauffement climatique. Le labyrinthe de Pan du Mexicain Guillermo del Toro se place deuxième du palmarès avec trois prix : direction artistique, maquillage et photographie. La vie des autres, un drame sur fond d'espionnage de la Stasi dans les dernières années de la RDA signé du jeune allemand Florian Henckel von Donnersmarck, a reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le drame international Babel, qui était sélectionné sept fois, a fait les frais de la «Scorsesemania» en n'obtenant qu'un Oscar, celui de la meilleure musique originale, remis à l'Argentin Gustavo Santaolalla, déjà vainqueur en 2006 pour celle de Brokeback Mountain. Le film de guerre de Clint Eastwood, Lettres d'Iwo Jima, s'est, quant à lui, contenté du meilleur montage sonore, tandis que Happy Feet, l'histoire délirante d'un manchot danseur de claquettes, a gagné l'Oscar du meilleur film d'animation. La cérémonie s'est aussi aventurée dans le conflit israélo-palestinien en récompensant le court-métrage West Bank Story, une comédie musicale sur l'amour entre un soldat israélien et une vendeuse palestinienne de kebabs. Enfin, le compositeur italien Ennio Morricone est récompensé pour l'ensemble de sa carrière.