Résumé de la 73e partie n Neeve est contente que son père reprenne du service. C'est la première fois qu'il s'éloigne de sa fille. Myles éclata de rire et prit ses deux amis par l'épaule. «Quel bonheur d'être ensemble tous les trois ! J'ai l'impression de me retrouver dans le Bronx. Est-ce que vous buvez toujours de la vodka Absolut ou avez-vous trouvé quelque chose de plus chic ?» La soirée commença sur le ton plaisant et chaleureux qui était devenu un rituel. Un moment de discussion à propos d'un second Martini, un haussement d'épaules suivi d'un : «Pourquoi pas, nous ne sommes pas si souvent réunis ?», de la part de l'Evêque, «Je ferais mieux de m'arrêter» venant de Myles et «Bien sûr», de Sal. La conversation passa de la politique actuelle : «Le maire peut-il gagner encore une fois ?» aux problèmes de l'Eglise : «On ne peut plus élever un gosse dans une école paroissiale pour moins de seize cents dollars par an. Seigneur, vous souvenez-vous quand nous étions à Saint-Francis-Xavier et que nos parents payaient un dollar par mois ? La paroisse entretenait l'école grâce au Bingo», dériva sur les lamentations de Sal concernant les importations étrangères : «Bien sûr, nous devrions utiliser le label du syndicat, mais nous pouvons faire fabriquer les vêtements en Corée et à Hongkong pour le tiers du prix. Si nous n'en sous-traitons pas une partie, nous devenons trop chers. Si nous le faisons, nous sommes des ennemis des syndicats», et la remarque sévère de Myles : «Je persiste à croire que nous ne connaissons pas la moitié du fric qui appartient au milieu dans la Septième Avenue.» On en vint inévitablement à la mort de Nicky Sepetti. «C'est trop commode de sa part d'être mort dans son lit, laissa échapper Sal, toute trace de jovialité brusquement disparue de son visage. Après ce qu'il a fait à notre jolie.» Neeve vit les lèvres de Myles, se crisper. Il y a longtemps, Sal avait entendu Myles appeler Renata «ma jolie», pour la taquiner, et il s'était empressé d'employer l'expression à son tour, au grand déplaisir de Myles. «Comment va la jolie ?» disait-il à Renata. Neeve revoyait encore le moment, lors de la veillée mortuaire, où Sal s'était agenouillé devant le cercueil, les yeux gonflés de larmes, puis s'était relevé, avait embrassé Myles en disant : «Essaye de penser que ta jolie dort.» — Myles avait répliqué froidement : «Elle ne dort pas. Elle est morte. Et, Sal, ne l'appelle plus jamais ainsi. Moi seul lui donnais ce nom.» Il ne s'y était jamais risqué jusqu'à ce soir. Il y eut un moment de silence embarrassé, puis Sal avala le reste de son Martini et se leva : «Je reviens tout de suite», dit-il avec un large sourire, et il se dirigea vers le couloir et les toilettes des invités. Devin soupira. «C'est peut-être un couturier de génie, mais il a plus de vernis que de manières. — C'est lui qui m'a fait démarrer, leur rappela Neeve. Sans Sal, je serais probablement acheteuse chez Bloomingdale's à l'heure qu'il est.» Elle vit l'expression sur le visage de Myles et l'avertit : Ne me dis pas que ce ne serait pas plus mal. — ?a n'a jamais traversé mon esprit.» (à suivre...)