Strass et glamour étaient au rendez-vous de la plus grande kermesse hollywoodienne. Le 79e cérémonie des Oscars aura été fidèle à ses promesses. Si cette année, a été celle de la consécration de Martin Scorsese, l'Algérie nominée grâce au film de Rachid Bouchareb " Indigènes ", sera finalement rentrée bredouille. Il est vrai que de gros espoirs ont été nourris par les Algériens de voir le film obtenir la consécration suprême. En effet, "Indigènes" a obtenu le Prix d'interprétation collectif au dernier festival de Cannes et a été nominé neuf fois aux Césars avant de décrocher le prix du meilleur scénario original. Déception donc pour Rachid Bouchareb aux Oscars, puisque "La vie des autres", du réalisateur allemand Florian Henckel von Donnersmark a créé la surprise en remportant l'Oscar du meilleur film étranger. Pour sa part, Martin Scorsese a été couronné par Hollywood, qui lui a décerné l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour "Les infiltrés" au cours d'une cérémonie qui a également mis en vedette la défense de l'environnement. "Les infiltrés", où s'affrontent gangsters et policiers dans les rues de Boston, a récolté quatre Oscars au total. C'est la première fois que l'Académie américaine des arts et sciences du cinéma récompense ce réalisateur de 64 ans, auteur de "Raging Bull", de "Taxi Driver" et des "Affranchis"."Pouvez-vous revérifier l'enveloppe?", a demandé après une ovation le lauréat, âgé de 64 ans, qui s'est dit "abasourdi" en recevant sa statuette des mains de Francis Ford Coppola, en présence de Steven Spielberg et de George Lucas. Les deux autres Oscars attribués aux "Infiltrés" sont ceux de la meilleure adaptation (William Monahan) et du meilleur montage (Thelma Schoonmaker). Inspiré d'une production hongkongaise, le film a pour principaux acteurs Leonardo DiCaprio, Matt Damon et Jack Nicholson. L'Oscar de la meilleure actrice a été décerné à Helen Mirren pour son rôle dans "The Queen", où elle incarne la reine Elisabeth II durant la crise qu'a constitué la mort de la princesse Diana pour la famille royale. Forest Whitaker a obtenu l'Oscar du meilleur acteur pour son incarnation du sanguinaire dictateur ougandais Idi Amin Dada dans "Le dernier roi d'Ecosse". Brandissant son trophée, Mirren l'a dédiée à la reine d'Angleterre. "Je la remercie, parce que sans elle je ne serais certainement pas ici. Mesdames et messieurs, je vous offre the Queen", a-t-elle déclaré. Whitaker a mis quelques instants à retrouver son calme après l'euphorie initiale. Puis, d'une voix incertaine, il a évoqué le temps où, enfant, il regardait des films à l'arrière de la voiture de ses parents dans un cinéma en plein air. Son exemple, a-t-il dit, peut encourager les enfants qui savent rêver. Bien que tous les lauréats repartent en serrant leur statuette dorée, il revenait à un groupe de défenseurs de l'environnement dirigé par l'ancien vice-président Al Gore de "peindre les Oscars en vert". "Une vérité qui dérange", qui relate la campagne de trente ans menée par Gore pour avertir l'opinion des risques découlant du réchauffement climatique, a en effet reçu l'Oscar du meilleur documentaire, et la chanteuse Melissa Etheridge celui de la meilleure chanson pour "I Need to Wake Up" (Je dois me réveiller), qui fait partie du film. "Il me faut remercier Al Gore de nous avoir inspirés, de m'avoir inspirée en montrant que le fait de se soucier de la terre n'est ni républicain ni démocrate. Ce n'est ni rouge ni bleu. Nous sommes tous verts", a dit Etheridge. Par ailleurs, l'Oscar du meilleur second rôle féminin est revenu à Jennifer Hudson pour sa performance de chanteuse dédaignée dans la comédie musicale "Dreamgirls". Agée de 25 ans, elle avait déjà été primée aux Golden Globes et aux Screen Actors Guilds Awards. L'Oscar du meilleur second rôle masculin a été décerné à Alan Arkin, 72 ans, pour sa performance dans "Little Miss Sunshine", sorte de road-movie burlesque et tendre. Arkin reçoit ainsi sa première statuette, après avoir été nominé pour son premier rôle en 1966, puis en 1968. Autre surprise, l'Oscar du meilleur film d'animation a été attribué à "Happy Feet" dont le réalisateur, George Miller, avait été nominé en 1992 pour le scénario de "Lorenzo" et en 1996 pour "Babe, le cochon devenu berger". Le favori de la catégorie était "Cars". Un film mexicain, "Le labyrinthe de Pan", où une jeune fille découvre un monde de violence à la suite de la guerre d'Espagne, a obtenu trois Oscars (direction artistique, maquillage et photographie).