Traditions n Etoffée de broderies dorées en arabesques, où figurent des roses et des feuilles, pour les plus anciennes, ainsi que des représentations de paons et d'épis de blé, la gandoura a constitué l'un des symboles de la «ville-des-ponts». La longue robe est, depuis toujours, l'élément indispensable des trousseaux des jeunes mariées. Son côté onéreux la bonifie et ne fait que rajouter à sa valeur. Se distinguant par son tissu de velours aux reflets scintillants et ses fines broderies de fils d'or, la gandoura constantinoise, longue et sans col, est prisée pour son authenticité et la chaleur de ses couleurs qui varient entre le bordeaux, le vert, le bleu nuit et quelquefois le violet. Travaillée au «medjboud» ou à la «fetla» (broderie fine dorée en arabesques), la gandoura constantinoise tirerait ses racines de l'époque turque, durant laquelle les constantinoises auraient combiné entre le savoir-faire ottoman et la confection typiquement constantinoise de la robe nommée localement «Gandoura», qui est une ample tunique évasée, en soie ou en satin, brodée au fil de soie. «La confection des trois parties, qu'on appelle kh'ratate composants la robe, était la seule manière de garder la forme évasée des robes originellement portées à Constantine», explique Mme Assia, une artisane du medjboud. Elle précise que cet art a été acquis des Turcs qui l'ont transmis, par la suite, à «Arab Q'sentina». Mme Assia, qui n'est qu'un exemple parmi des centaines de femmes artisanes qui travaillent chez elles, exécute le medjboud depuis sa jeunesse, elle et ses six sœurs en ont appris les rudiments, dit-elle, auprès de leur mère, laquelle, elle-même, tient ses «connaissances» d'une voisine qu'elle côtoyait dans la vieille «houma de Sidi-Bzar». Ainsi, les constantinoises se transmettent, entre elles, ce savoir-faire qui demeure une des principales sources de revenus de nombreuses femmes. Elles ne sont pas les seules. nombreux sont aussi les constantinois qui travaillent à la confection des gandouras, se transmettant, eux aussi, cette dextérité de père en fils. Parmi eux, «Ammi Mohamed» qui possède un atelier de confection, un héritage de famille, où sa sœur l'a précédé jusqu'à ce que ses yeux se fatiguent à la tâche. «C'est un travail minutieux qui demande finesse et précision», explique-t-il, «car, il y va de la réputation de toute une tradition constantinoise». Selon lui, ce travail est exécuté avec «respect» et c'est ce respect, «autant que la technique du medjboud, qui doit être transmise aux successeurs», dit-il fièrement. La gandoura constantinoise est faussement connue aussi depuis ces dernières années sous le nom «Djebbat Fergani» en référence aux Fergani, cette célèbre famille d'artistes du malouf et d'artisans.