«La ville est une écriture», a dit Victor Hugo et l'usager, selon ses déplacements et ses obligations, est un lecteur de ce grand ensemble visible et identifiable qu'est la ville. Cette étendue urbaine composée, souvent d'une importante agglomération où se concentre une masse d'activités aussi importantes les unes que les autres exige des projets d'aménagement urbain innovants, en conformité avec la culture et le mode de vie de chaque société pour une meilleure coexistence sociale. Devant ces fonctions et ces besoins énormes et multiples, le concept de la ville passe par une harmonie dans l'action, un suivi dans les réalisations et une autorité de décision. La ville constitue, aujourd'hui plus qu'hier, un produit de créativité permanente. Ainsi, si les villes et les capitales sous d'autres cieux plus cléments se définissent dans cette perception, la ville algérienne, quant à elle, semble avoir été dirigée avec une logique qui échappe à tous les systèmes urbains. On est en droit de se demander, dès lors, pourquoi sommes-nous aussi indifférents et dépourvus d'une culture architecturale et urbanistique ? La ville est le reflet avant tout de la modernité, expliquent les sociologues. Il n'est un secret, cependant, pour personne que le peuple algérien est un peuple rural. «L'espace public n'existe pas dans son imaginaire, il est étranger à la mentalité algérienne c'est, donc, un espace à ne pas entretenir ni à prendre en considération si ce n'est à détruire», selon M. Abdellaoui, chef du département sociologie à l'université de Bouzaréah. Ce qui explique en partie le comportement d'incivilité des Algériens dans les grandes villes, note notre interlocuteur pour qui, l'inadaptation à la ville a généré des comportements antiville. Confrontée à cet espace peu connu, «l'appropriation s'est faite dans l'anarchie et selon le mode de vie rural et une visibilité sociale contraire aux normes de la ville», ajoutera-t-il.