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«Au moins 100 000 emplois peuvent être créés dans l'immédiat» M. Abderrahmane Trabelsi inventeur d'un horodateur portable pour stationnement payant de voirie
Plusieurs espaces publics se sont transformés ces dernières années en zones de stationnement payant. La prolifération de parkings de stationnement sauvage et anarchique a envahi presque toutes les villes du pays. Souvent les automobilistes sont rackettés par des jeunes qui exercent d'une manière illicite et informelle cette activité qui n'obéit à aucune réglementation, et profitent ainsi de cette situation qui prend des proportions alarmantes. M. Abderrahmane Trabelsi, chercheur autodidacte et inventeur algérien d'une solution conçue dans ce sens, a tenu à nous expliquer au cours de cet entretien qu'il nous a accordé, son invention dédiée exclusivement au stationnement payant de voirie, une solution qui pourrait non seulement être bénéfique sur le plan économique, mais permettra aussi de mettre un terme aux problèmes quotidiens des automobilistes et les parkings sauvages. Le Maghreb : Pouvez-vous nous donner un petit aperçu sur votre invention ? M. Abderrahmane Trabelsi : Mon invention est dédiée au stationnement payant de voirie, c'est un projet intitulé «Wakti The smart parking». L'innovation se rapporte à la conception et la réalisation du prototype d'un horodateur portable, mobile, ayant les caractéristiques similaires aux horodateurs scellés au sol, actuellement en exploitation dans les principales agglomérations du monde, mais diffère par son ergonomie spécifique que permet la technologie mobile, assistée d'une présence humaine. Autrement dit, c'est un appareil de gestion, de traitement, de contrôle des transactions liées au stationnement payant de voirie. L'horodateur, faut-il le signaler, est le nom générique d'un appareil scellé au sol qui sert à imprimer un ticket, avec date et heure du début et fin du stationnement, période de stationnement préalablement sélectionnée par l'usager. Concernant mon horodateur, par contre, celui-ci est portable. Pouvez-vous nous décrire les composants de cet horodateur mobile ? L'horodateur se compose d'un boîtier en ABS durci, de composants électroniques, et d'un logiciel applicatif. Depuis quand date votre projet ? Et comment vous est venue l'idée de cette invention ? Mon projet date de 1996. Dans notre pays, il n'existe malheureusement aucune infrastructure réglementaire dans le secteur du stationnement payant. Plusieurs jeunes exercent cette activité et ne disposent d'aucune autorisation administrative et sans cadre réglementaire pour la gestion de cette activité, et exercent ainsi d'une manière anarchique et informelle. D'ailleurs, les riverains se plaignent souvent du stationnement sauvage, les automobilistes sont obligés d'attendre qu'une place se libère pour pouvoir garer leurs voitures, ajouter à tout cela ces jeunes qui accaparent des trottoirs pour racketter les automobilistes. C'est à partir de ce constat que j'ai voulu développer une solution adéquate et adaptée à ce problème. Cependant, l'organisation de cette activité hautement lucrative permet un retour sur investissement rapide. Certes, selon la loi n°14-01 du 18/08/2001, relative à la circulation urbaine et la sécurité routière, l'article «33» stipule que le stationnement autorisé sur la voie publique est gratuit. Toutefois, les collectivités territoriales peuvent initier des mesures le rendant payant. Les modalités d'application du présent article sont fixées par voie réglementaire. Par ailleurs, rien n'est appliqué sur le terrain. Pourquoi avez-vous attendu tout ce temps pour dévoiler ce projet ? En réalité, la technologie du mobile à cette époque commençait à peine de voir le jour. En Algérie, même le téléphone portable n'existait pas. En revanche, avec l'explosion et l'engouement qu'a connus ces dernières années le développement de la technologie du numérique ultramoderne et du mobile, il était temps de revoir cette question, de faire renaître mon idée et de l'exploiter sur le terrain. Pourriez-vous dans ce cas-là nous expliquer techniquement le fonctionnement de cet appareil ? Oui, d'abord dès la prise de stationnement, l'usager tend sa carte « Wakti » au préposé, la carte est activée, l'horodateur reconnaît la carte ou la rejette. L'appareil vérifie donc les droits des usagers, affiche le numéro de série, code type d'abonnement, période de validité, n° d'immatriculation du véhicule, n° code adhérent, et mémorise enfin l'opération date et heure d'arrivée et de départ, l'écran affiche aussi le nombre d'unités consommées, dans un temps réel. Cela facilite les manœuvres, souvent laborieuses, d'entrées et sorties du stationnement. Il importe de signaler que l'usager adhère au système Wakti en remplissant un formulaire, qui lui permettra d'avoir une carte à puce et un abonnement afin de bénéficier de ce service. L'usager est tenu d'alimenter son compte ouvert auprès du groupement exploitant/concessionnaire du stationnement et de l'approvisionner régulièrement. En fait, l'opération d'inscription est simple et ressemble à celle d'un abonnement pour l'achat d'une carte à puce téléphonique. Aussi, les résidents du quartier bénéficieront d'une tarification préférentielle. Avec cette solution on peut assurer la traçabilité de la transaction. Enfin, la carte Wakti est acceptée partout dans les parkings payants du territoire national. Quel impact social aura votre projet dans l'immédiat ? C'est un produit économique, c'est aussi une solution d'intérêt général. Primo, il réglera un calvaire quotidien de 4 millions d'automobilistes algériens, notamment quand on sait que 83% des automobilistes efefctuent des déplacements professionnels, or un usager d'une entreprise possédant cette carte pourrait être remboursé. Deuxièmement, et c'est le point le plus important, la création dans l'immédiat d'au moins 100 000 emplois. Ce projet permet aux collectivités locales de percevoir des redevances de la concession du stationnement. Selon un recensement que j'ai réalisé en 2003, cette opération touchera quelque 900 agglomérations sur les 1541 communes. Avec cet horodateur portable on n'aura plus besoin de locaux commerciaux, ni de guichets. Il permettra donc aux automobilistes d'intégrer les frais de stationnement dans leurs dépenses quotidiennes de déplacements professionnels, une assurance responsabilité civile sécurise leur bien. Ceci assure aux jeunes un revenu mensuel, un emploi de proximité, donc sans frais de déplacement et de restauration, une couverture sociale et éventuellement une formation que permet une flexibilité dans les horaires de travail. Il peut impliquer aussi jusqu'à 12 000 universitaires. Cette solution peut régler les conflits, et les innombrables plaintes déposées chaque jour au niveau des postes de police et la justice à cause de ce phénomène informel. Quel serait l'obstacle majeur à la commercialisation de ce produit ? Selon le comité d'experts de l'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (ANVTEDET), qui a examiné mon invention, il n'y a aucune entrave pour la mise en œuvre de ce projet lucratif. Qui serait intéressé par ce projet ? Les collectivités locales et les entreprises exploitantes du stationnement. Un dernier mot « Wakti The smart parking », est un produit exclusif ambitieux et d'intérêt général. Car, s'il sera commercialisé il créera de l'emploi, même les APC percevront des redevances. Il réglera, entre autres, le problème de conflits quotidiens qui surgissent entre les automobilistes et les pseudo-gardiens. J'espère qu'il verra sa naissance en Algérie le plut tôt possible, et par la suite il pourra même être exporté, parce que ce projet a son côté universel. D'ailleurs, aucun pays jusqu'à présent ne possède un horodateur portable. Entretien réalisé par Samira Hamadi