Résumé de la 3e partie n Le canard rentre du voyage en compagnie d'une panthère. Cette dernière décide de donner une peur bleue aux parents des deux fillettes pour avoir vendu le cheval à la boucherie… La panthère allongea le cou et, la tête haute, la gueule grande ouverte, fit entendre un terrible miaulement. Le canard en était tout fier, et en regardant les petites, il ne pouvait pas s'empêcher de se rengorger. Cependant, les parents étaient sortis de la cuisine en toute hâte, mais ils n'eurent pas le temps de s'enquérir d'où venait le bruit. D'un seul bond, la panthère avait traversé la cour et retombait devant eux sur ses quatre pattes. — Si vous bougez, dit-elle, je vous mets en pièces. On peut croire que les parents n'en menaient pas large. Ils tremblaient de tous leurs membres et n'osaient pas seulement tourner la tête. Les yeux d'or de la panthère avaient un éclat féroce, ses babines retroussées laissaient voir de grands crocs pointus. — Qu'est-ce qu'on vient de me dire ? gronda-t-elle. Que vous allez vendre votre vieux cheval à la boucherie ? Vous n'avez pas honte ? Une pauvre bête qui a passé toute sa vie à travailler pour vous ! Le voilà bien récompensé de ses peines ! Vraiment, je ne sais pas ce qui me retient de vous manger... au moins, on ne pourrait pas dire que vous avez travaillé pour moi... Les parents claquaient des dents et commençaient à se demander si cette idée de sacrifier le vieux cheval n'était pas bien cruelle. — C'est comme les deux petites, reprit la panthère. On m'apprend que vous les avez privées de dessert pour huit jours parce qu'elles ont pris la défense du cheval. Vous êtes donc des monstres? Mais je vous préviens qu'avec moi, les choses vont changer et qu'il va falloir mener la maison d'un autre train. Pour commercer, je lève la punition des petites. Ma parole, il me semble que vous ronchonnez ? Vous n'êtes pas contents, peut-être ? — Oh ! si... au contraire... — Allons, tant mieux. Pour le vieux cheval, il n'est naturellement plus question de la boucherie. J'entends qu'on soit avec lui aux petits soins et qu'il finisse ses jours en paix. La panthère parla encore des autres bêtes de la ferme et des moyens de leur rendre la vie plus douce. Le ton de ses paroles devenait moins sévère, comme si elle voulait faire oublier la mauvaise impression qu'avait pu laisser sa vivacité du premier moment. Les parents commençaient à reprendre un peu d'assurance, si bien qu'ils en vinrent à lui dire : — En somme, vous vous installez à la maison. C'est très bien, mais avez-vous pensé à ce que sera notre existence s'il nous faut craindre à chaque instant d'être mangés ? Sans compter que nos bêtes seront bien exposées aussi. Vous comprenez, c'est bien joli d'empêcher les maîtres de tuer le cochon ou de saigner les volailles, mais on n'a jamais entendu dire que les panthères se nourrissaient de légumes... — Je comprends que vous soyez inquiets, dit la panthère. Il est certain qu'au temps où je ne savais pas la géographie, tout ce qui tombait sous ma patte, homme ou bête, m'était bon à manger. Mais depuis ma rencontre avec le canard, il est là pour le dire, mon régime est celui des chats. Je ne mange plus que des souris, des rats, des mulots, et autres mauvaises espèces. Oh ! je ne dis pas que de temps en temps, je n'irai pas faire un tour dans la forêt, bien sûr. En tout cas, les bêtes de la ferme n'ont pas à redouter de moi. (à suivre...)