Préserver le repas familial réunissant parents et enfants à table est essentiel pour éviter que l'obésité ne se propage massivement ailleurs qu?aux Etats-Unis, selon l'historien américain Peter N. Stearns qui insiste sur le «rôle fondamental» de l'éducation. Américains et Français ont eu des attitudes «diamétralement opposées» face à l'alimentation des enfants, explique-t-il, en cherchant à tirer les leçons d'un siècle d'histoire comparée à l'occasion d'un colloque intitulé «Corps de femmes sous influences, questionner les normes» qui se tiendra, demain mardi à Paris. Malgré les avertissements lancés, dès 1900, quant au poids des adultes aux Etats-Unis, pendant plus de soixante-dix ans, presque aucun expert ou parent américain ne s'est inquiété du fait que les enfants puissent trop manger. Les manuels d'éducation visaient à s'assurer que les «enfants, en particulier les filles, ne soient pas trop maigres», souligne-t-il, évoquant notamment la peur de l'anorexie. Les parents poussent leurs enfants à manger et se montrent «plutôt laxistes sur le grignotage». Aux Etats-Unis, les enfants de moins de 2 ans ont déjà les mauvaises habitudes alimentaires de leurs parents : les frites sont chaque jour au menu de 9% des bébés de 9 à 11 mois et de 21% des enfants de 19 à 24 mois, selon une étude présentée le 27 octobre lors d'une conférence de l'American Dietetic Association. Au total, bonbons et boissons sucrées compris, ces bébés ingurgitent 20 à 30% de calories en trop. Au moins 25% des enfants de 19 à 24 mois consomment une fois par jour hot-dog, bacon ou saucisse, selon cette étude portant sur 3 000 bambins menée par l'institut Mathematic Policy Research de Princeton (New Jersey) et financée par le groupe d'alimentation pour bébé Gerber. L'obésité fait maintenant quelque 300 000 morts par an aux Etats-Unis où elle entraîne presque autant de dépenses de santé que le tabagisme.