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L'Irak à l'examen des chefs d'Etat
ASSEMBLEE GENERALE DE L'ONU
Publié dans L'Expression le 24 - 09 - 2003

L'attention de la 58e session de l'AG des Nations unies a été essentiellement centrée sur la crise irakienne.
Les Etats-Unis et le président George W.Bush jouent aux équilibristes en essayant d'une part, de désarmer les oppositions à leur mainmise sur l'Irak, d'autre part, d'intéresser l'ONU sans céder sur l'essentiel, c'est-à-dire conserver la haute main sur l'évolution de la situation en Irak. Washington qui s'adonne à un jeu difficile ne semble pas avoir réellement convaincu ses vis-à-vis quant à l'abnégation américaine. En fait la préoccupation primordiale des Etats-Unis est de faire adopter par le Conseil de sécurité leur projet de résolution lequel, tout en faisant une ouverture en direction de l'ONU, laisse en réalité Washington maître de toute décision à prendre concernant l'Irak. Aussi, c'est la France -qui prit la tête des opposants à l'hégémonie américaine- et singulièrement le président Jacques Chirac, que les Américains cherchent à convaincre de la cohérence de leur démarche. Le président Bush dans cette optique n'hésite pas à aller au charbon déclarant en particulier, à propos de son homologue français, «Je vais continuer à lui rappeler -et il a besoin de l'entendre clairement de ma part, ce qu'il fera- que les Etats-Unis sont une bonne nation, honnêtement bonne. Et que, quand nous voyons la souffrance, nous agissons. Quand nous voyons une menace, nous y faisons face avant qu'elle ne revienne à notre porte. Et j'espère qu'il comprendra mieux, avec le temps, pourquoi j'ai pris les décisions que j'ai prises». Donc les Américains sont décidés à faire infléchir la position française, il est vrai ferme, eu égard à la timidité exprimée par la communauté internationale par ailleurs. De fait, la France, membre permanent du Conseil de sécurité, et n'ayant pas oublié les enseignements de De Gaulle, n'a fait en réalité que combler la vacance de contrepoids à la puissance américaine induite tant par l'affaiblissement de la Russie que par la dépendance de l'ONU du bon vouloir des membres permanents du Conseil de sécurité. Car en fait, même si le président français Jacques Chirac a réitéré dans un entretien au New York Time l'intention de la France de ne pas opposer son veto au projet de résolution américain, Washington ne cède pas sur le fond et entend bien que les choses se passent comme il l'avait prévu et programmé. Ainsi, la conseillère présidentielle à la sécurité, Condoleezza Rice estime que le plan français de transfert de souveraineté à l'Irak n'est pas «réalisable» rejetant implicitement l'exigence française d'un calendrier clair à l'issue duquel il y ait un transfert rapide de souveraineté aux Irakiens. Imperturbable, le président Bush indique quant à lui que «les Nations unies doivent comprendre que nous sommes très fermes sur la séquence des évènements: d'abord qu'une Constitution soit écrite, puis qu'il y ait des élections et ensuite que la souveraineté soit transférée à un corps constitué irakien». Pour parvenir à cette fin, les Etats-Unis se disent confiants quant à un vote positif comme le laisse entendre le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui indique «Je pense qu'après les discussions supplémentaires avec nos collègues au Conseil de sécurité nous pourrons aboutir à une résolution qui donne à la communauté internationale un mandat élargi pour travailler avec les autorités de la coalition (les forces d'occupation menées par les Etats-Unis) et le Conseil de gouvernement (transitoire) pour aider le peuple irakien à mettre en place une Constitution et tenir des élections libres». Intervenant en ouverture du débat général, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a mis l'accent sur le fait que le monde a changé et que la situation n'est plus celle prévalant en 1945, indiquant que le raisonnement selon lequel certains Etats (entendre les Etats-Unis) estiment avoir «le droit et l'obligation de faire usage de la force à titre préemptif représente un défi fondamental sur lequel la paix et la stabilité mondiale ont, sans doute imparfaitement, reposé depuis 25 ans». M Annan, ajoute: «Mais, dénoncer l'unilatéralisme ne suffit pas si on ne répond pas clairement aux préoccupations qui font que certains se sentent vulnérables ce qui le amènent à prendre des actions unilatérales», soulignant: «Nous en sommes peut-être arrivés à un moment qui n'est pas moins décisif qu'en 1945 quand les Nations unies ont été fondées». Ce qui lui donne l'occasion de revenir sur une réforme de l'ONU toujours ajournée, insistant sur la nécessité de progresser et singulièrement de réformer le Conseil de sécurité de l'ONU, réforme indique-t-il «à l'ordre du jour depuis plus de dix ans, et d'augmenter le nombre de ses membres actuellement fixé à 15». M Annan relève enfin que «virtuellement tous les pays sont d'accord, dit-il, mais il n'y a pas d'accord sur les détails». A propos de l'Irak, le secrétaire général de l'ONU déclare: «Il est vital pour nous tous que l'issue soit un Irak stable et démocratique, en paix avec lui-même et avec ses voisins et contribuant à la stabilité de la région», ajoutant: «Si les considérations de sécurité sont satisfaites», s'adressant au parterre de chefs d'Etat dont le président des Etats-Unis, «les Nations unies sont prêtes à jouer pleinement leur rôle en Irak». De fait l'Irak a dominé les débats de cette première journée des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU laissant peu de place à d'autres sujets tout aussi récurrents à l'instar du sida qui apparaît comme la pandémie numéro un du troisième millénaire.

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