Ecriture n Jean-Philippe Toussaint, romancier français, était, jeudi, l'invité de «Un auteur, un livre», un rendez-vous littéraire bimensuel initié par le Centre culturel français. Faisant son entrée littéraire avec La salle de bain paru en 1985 aux éditions de Minuit, Jean-Philippe Toussaint a confié que «celui-ci a été écrit en Algérie, lorsqu'il était professeur de français à Médéa de 1982 à 1984», ajoutant que ce roman qui a eu un retentissement médiatique inattendu lui a ouvert la voie à d'autres projets d'écriture. Son dernier écrit (paru en 2006 aux éditions de Minuit) est La Mélancolie de Zidane. Cet écrit, qui est, selon l'auteur, un essai, raconte le geste de Zidane «proféré» à coup de tête à l'encontre du jouer italien lors de la finale de la Coupe du monde (2006). Il le décrit avec méticulosité saisissante, voire spectaculaire et avec une conscience psychologique qui nous fait voir des impressions et ressentir des sentiments. Autrement dit, l'auteur use d'une écriture cultivant la mélancolie. «J'ai écrit ce livre qui est d'ailleurs un texte très court (17 pages) parce que j'ai assisté au match», a-t-il raconté. Et d'ajouter : «Le comble, c'est que j'étais dans le stade et je n'ai pas vu l'action de Zidane.» L'auteur a, par ailleurs, souligné que le geste de Zidane l'a inspiré. «Le geste de Zidane qui a une durée d'une seconde se trouve cependant avoir une genèse, il a été préparé [dans le subconscient] bien avant l'accomplissement de l'acte lui-même», a-t-il dit Jean-Philippe Toussaint a dit, comme l'ont déjà fait avant lui d'autres écrivains comme Gustave Flaubert à propos de Madame Bovary, que «Zidane, c'est moi.» Et de dire aussi : «Ce que Zidane a vécu et ressenti à ce moment-là, moi, je l'ai également vécu et ressenti.» «La mélancolie de Zidane est ma mélancolie, je la sais, je l'ai nourrie et je l'éprouve», est-il écrit dans le texte. D'autre part, l'auteur, qui ne cesse de se réjouir d'être un écrivain parce qu'il a cette possibilité, voire ce privilège de suivre ses personnages et de les vivre, reconnaît en effet son admiration pour le personnage de Zidane jusqu'à l'inscrire à la troisième personne, «Il», c'est-à-dire il le transforme en un personnage littéraire. «Zidane déjà existant (dans la réalité) devient un personnage littéraire (c'est-à-dire de fiction)», a-t-il indiqué, un personnage non pas amorphe et statique, mais dynamique et continuellement en mouvement. Force est de constater que le livre, La Mélancolie de Zidane est, comme tous les précédents, en mouvement perpétuel. Un mouvement qui ne s'arrête pas mais qui non plus ne se répète pas. C'est un mouvement qui se renouvelle et revêt sans cesse une énergie littéraire. L'écriture de Jean-Philippe Toussaint se construit alors sur une dynamique qui fait que le texte, aussi bien l'action, le personnage, l'espace que le temps, s'inscrit dans une fonctionnalité manifeste. Cela nécessite un travail de recherche sur la langue et l'écriture. «Je m'inscris dans une littérature d'exigence, de recherche», s'est-il défini, ajoutant que «tous mes écrits s'organisent autour du mouvement. Le mouvement m'intéresse en tant qu'écriture. Mes écrits sont une recherche (consciente) du mouvement, et je formule dans chacun une réflexion par rapport à cela.» Enfin, et pour finir, il est bien de souligner que la structure textuelle que construit l'auteur est visuelle. «Mon imagination est visuelle, il s'agit donc d'une écriture visuelle. j'utilise des mots pour faire des images», a-t-il expliqué.