Production n Le Théâtre national a placé le mois de mars sous le signe de la femme, et ce à travers de nombreuses productions en référence à ce thème. Après La grotte éclatée, une pièce mettant en scène le personnage de la femme, Langue des mères est une autre pièce, dont la générale sera donnée ce mercredi au théâtre national. Produite par le théâtre national, la pièce, adaptée du livre de Alexis Parnis par le dramaturge irakien Mohamed Kacem, mise en scène par Sonia et jouée par Rania Sirouti et Tounès Aït Ali, raconte la perpétuelle situation conflictuelle opposant le bien au mal dans une époque, la nôtre, où les repères s'effacent et les référents se brouillent et s'emmêlent. Elle raconte une situation de guerre, c'est l'histoire de deux mères dont chacune représente une société, un référent culturel. La première, jouée par Rania Sirouti, incarne le monde arabe, un monde en deuil, alors que la seconde, interprétée par Tounès Aït Ali, représente l'Occident, arrogant et indifférent aux malheurs des autres. Certes les deux mères, de par leurs origines, sont différentes, voire rivales, mais elles sont identiques dans la mesure où elles sont mères et ayant chacune un fils, et que l'un comme l'autre est captif dans le camp adverse, ennemi. «Le point commun qui ressort de la pièce, c'est bien le sentiment des deux mères, un sentiment partagé et identique», a expliqué Sonia, lors d'un point de presse dimanche au théâtre national. «Cette pièce m'a intéressée parce qu'elle traite de la réalité et elle est donc d'actualité. Elle traite des affres de la guerre, même si l'histoire est imaginaire.» Pour elle, la pièce «a des relents politiques, c'est une tragédie, un destin humain, celui de deux mères qui cherchent chacune à sauver son fils.» Ainsi, la pièce fait référence à l'actualité en Irak et en Palestine et d'une manière générale, à la situation conflictuelle opposant le monde arabe aux pays occidentaux. Interrogée sur le choix de la langue utilisée dans la pièce, Sonia répond aussitôt que «c'est en langue arabe classique», ajoutant que «si nous avons choisi ce registre, c'est seulement parce que la langue arabe classique est porteuse, dans ce contexte, de toute la charge dramatique que contient la pièce.» Concernant la distribution des rôles, Sonia a souligné les compétences de Tounes Aït Ali avec laquelle elle a eu à travailler au théâtre et au cinéma. Quant à Rania Sirouti, elle a loué son sérieux et son application dans l'interprétation de tous les rôles qu'elle a incarnés. Sonia a expliqué par ailleurs qu'elle aurait pu choisir des comédiennes d'un certain âge qui font le personnage de la mère, mais «j'ai préféré en choisir des jeunes parce que j'ai trouvé en chacune une énergie et une sincérité, et en plus du moment où les sentiments sont vrais, ils n'ont donc pas d'âge». Interrogée plus tard sur le caractère de la pièce, Sonia n'hésite pas à dire qu'il s'agit d'une pièce engagée. Et de préciser : «Ce n'est pas un théâtre de résistance ni de combat. C'est un théâtre d'idées, de sentiments, de prise de position.» Et pour finir, Sonia a dit, à propos de la pièce, que «c'est une invitation à la paix et à l'amour.» C'est aussi un appel à la réconciliation et au dialogue.