Résumé de la 4e partie n Le jars refuse de rendre la balle et ordonne à sa famille de rejoindre l'étang. IIs passent devant la clôture où se tenaient l'âne et les deux fillettes. Il avait fait exprès de parler très haut en jetant un regard de côté. L'âne en reçut un coup au cœur. Voyant les petites sur le point de pleurer et entendant Marinette qui reniflait déjà, il essaya d'oublier son chagrin pour les consoler. — Votre balle n'est pas perdue. Savez-vous ce que vous allez faire ? Tout à l'heure quand le jars sera dans l'eau, vous irez à l'étang. Il aura sûrement laissé la balle sur le bord et vous n'aurez qu'à la reprendre. Je vous dirai quand ce sera le moment de partir. En attendant, nous allons causer un peu. Justement, je voudras vous dire... L'âne poussa un soupir et toussa pour s'éclaircir la voix. Il paraissait embarrassé. — Eh bien ! voilà, dit-il. Tout à l'heure, le jars m'a traité de bourrique... Oh ! je sais bien que c'est un de mes noms, mais il l'a dit d'une certaine façon. Et après, quand il est passé devant nous et qu'il a dit à l'un des oisons : «Vous êtes un âne, comme pour le traiter d'imbécile, vous vous rappelez ? Je voudrais savoir pourquoi, en parlant d'un idiot, l'on dit toujours : «C'est un âne». Les petites ne purent s'empêcher de rougir, car c'était là une injure qu'elles employaient assez souvent. — Tenez, reprit l'âne, je me suis laissé dire qu'à l'école, quand un enfant ne comprend rien aux leçons, le maître l'envoie au coin avec un bonnet d'âne sur la tête ! Comme s'il n'y avait rien au monde qui soit plus stupide qu'un âne ! Vous conviendrez que c'est ennuyeux pour moi. — Je crois qu'en effet on n'est pas très juste, répondit Delphine. — Vous ne pensez pas que je sois plus bête que le jars ? demanda-t-il. — Mais non... mais non... Elles protestaient sans conviction, trop habituées à entendre parler de sa bêtise pour en douter sérieusement. Il comprit qu'il ne réussirait pas à les convaincre de l'injustice dont il était victime. Elles ne le croiraient jamais sans preuves. — Allons, tant pis, soupira-t-il, tant pis... mes petites, je crois que le moment est venu pour vous d'aller à l'étang. Bonne chance ! Et si vous n'avez pas réussi, faites-le-moi savoir. En arrivant à l'étang, les petites renoncèrent à l'espoir de reprendre leur balle. Le jars n'était décidément pas aussi sot que l'âne le donnait à entendre, car il avait eu la précaution de la prendre avec lui au milieu de l'étang. Elle flottait à côté des oisons qui s'en amusaient beaucoup mieux qu'ils ne l'avaient fait tout à l'heure dans l'herbe. Ils jouaient à qui l'attraperait le premier, la cachaient sous leurs ailes, et dans un autre moment, les petites eussent pris plaisir à regarder leurs ébats. Le jars n'était plus ce lourdaud qui s'était rendu ridicule dans le pré. Il nageait avec aisance et ne manquait ni de grâce ni de fierté. Il paraissait transformé, et les petites, malgré toute leur rancune, ne pouvaient se défendre de l'admirer. Par contre, il n'avait rien perdu de sa méchanceté, et il leur cria en montrant la balle : — Ah ! ah ! Vous aviez cru que je l'aurais laissée sur la rive, n'est-ce pas ? Je ne suis pas si bête ! Je l'ai mise à l'abri et vous ne la tenez pas encore ! (à suivre...)