Résumé de la 2e partie n Le jars fier d'imposer le respect aux deux sœurs, leur confisque le ballon et le donne à ses oisons pour jouer. Comme on voit, le jars n'était guère plus aimable avec les personnes de sa famille qu'avec les étrangers. Pendant qu'il enseignait le jeu de la balle à l'oie et à ses oisons, les petites arrivaient auprès de l'âne et se glissaient sous la clôture. Le jars les avait mordues si fort qu'elles marchaient en tirant la jambe, mais elles ne pleuraient plus, sauf que Marinette reniflait encore un peu. — Croyez-vous, dit l'âne, quelle sale bête ! J'en suis encore dans tous mes états... Moi qui serais si content de voir des petites filles jouer autour de moi... Ah ! le grossier personnage !... Mais, dites-moi, est ce qu'il vous a fait bien mal ? Marinette lui montra une marque rouge qu'elle avait sur la jambe gauche. Delphine avait la même sur la jambe droite. — Ah ! oui, il nous a fait mal. C'est comme une brûlure. Alors l'âne baissa la tête, souffla sur les jambes, et les petites n'eurent presque plus mal. C'est parce qu'il était bon. En le remerciant, elles lui caressèrent l'encolure avec amitié. L'âne était content. — Vous pouvez toucher mes oreilles aussi, leur dit-il. Je vois bien que vous en avez envie. Elles lui caressèrent aussi les oreilles, un peu étonnées que le poil y fût aussi doux. — Elles sont longues, n'est-ce pas ? dit-il en baissant la voix. — Oh ! un peu, répondit Marinette, mais pas tellement, tu sais... en tout cas, elles te vont très bien. — Si elles n'étaient pas aussi longues, ajouta Delphine, il me semble que je t'aimerais moins... — Vous croyez ? Allons, tant mieux. Pourtant... L'âne hésita, puis, craignant d'importuner les petites avec ses oreilles, il se décida à parler d'autre chose. — Tout à l'heure, quand le jars vous mordait, vous ne m'avez pas compris. Je vous criais de le prendre par la tête et de lui faire faire un bon tourniquet. Oui, il fallait le saisir à deux mains et faire deux ou trois tours sur vous-même en le tenant à bout de bras. C'est le meilleur moyen de le mettre à la raison. Quand il se retrouve sur ses pieds, il ne sait plus où il en est, il a le vertige et c'est à peine s'il tient debout. Il en garde un si mauvais souvenir qu'il ne mord plus jamais la personne qui lui a donné une pareille leçon. — C'est bien joli, dit Marinette, mais il faut d'abord lui attraper la tête et risquer de se faire mordre la main... — C'est vrai que vous êtes des petites filles. Quand même, à votre place, j'essaierais. Mais les petites secouaient la tête, elles disaient que le jars leur faisait trop peur. Tout à coup, l'âne se mit à rire et s'en excusa en leur montrant le jars, dans son pré, qui jouait à la balle avec sa famille. Il faisait son important, bousculait l'oie, grondait les oisons de leur maladresse, et bien qu'il fût le plus maladroit de la bande, disait à chaque instant : «Regardez comme je fais... prenez modèle sur moi. Bien entendu, il n'était pas question de lancer la balle, il fallait se contenter de la pousser du pied. Delphine, Marinette et l'âne riaient très fort et ne laissaient pas passer une occasion de crier : «Il l'a manquée !...» (à suivre...)