Résumé de la 3e partie n L'âne incite les deux filles à prendre leur revanche sur le jars. Pour le provoquer, elles se mettent à se moquer de lui. Le jars ne voulait pas convenir de sa maladresse et faisait semblant de n'entendre ni les rires, ni les moqueries. Comme il venait de rattraper la balle après l'avoir manquée dix fois, il crut tout oser, et dit à ses oisons : — Maintenant, je vais vous montrer à faire double virette... Toi, la mère l'oie, tu vas me jeter la balle... Regardez-moi bien. Il recula de quelques pas en face de la mère l'oie déjà prête à pousser la balle d'un coup de patte. Il s'assura que tous les regards étaient fixés sur lui, renfla un peu son jabot, et cria : — Nous y sommes ?... double virette ! Tandis que la mère l'oie poussait la balle, il se mit à tourner sur place comme il avait vu faire aux deux petites. D'abord, il tourna lentement, mais comme l'âne lui criait d'aller plus vite, il se lança si bien qu'il fit trois tours sans pouvoir s'arrêter. Le pauvre jars, à moitié étourdi, se mit à dodeliner de la tête, fit quelques pas en titubant, tomba sur le côté droit, tomba sur le côté gauche, et resta un moment allongé par terre, le col affaissé et l'œil à l'envers. L'âne riait si fort qu'il se roulait dans l'herbe, les quatre fers en l'air. Les petites n'étaient pas moins gaies et les oisons eux-mêmes, malgré tout le respect qu'ils devaient à leur père, ne pouvaient pas s'empêcher de pouffer dans leur jabot. Il n'y avait que la mère l'oie qui n'eût pas envie de rire. Elle se penchait sur le jars, et à mi-voix le pressait de se relever. — Voyons, mon ami, disait-elle, voyons... ce n'est pas convenable... on nous regarde. Il réussit à se remettre d'aplomb, mais il avait encore mal à la tête et resta une minute sans voix. Aussitôt qu'il put ouvrir le bec, ce fut pour se défendre d'avoir été maladroit. Cependant, Marinette lui réclamait sa balle. — Tu vois bien que ce n'est pas un jeu pour les oies, lui dit-elle. — Et encore moins pour les jars, dit l'âne, on l'a bien vu tout à l'heure, et tu t'es rendu assez ridicule. Allons, rends la balle. — J'ai dit que je la confisquais, riposta le jars. Il n'y a pas à y revenir. — Je savais déjà que tu étais un brutal et un menteur. Vraiment, il ne te manquait plus que d'être un voleur. — Je n'ai rien volé, tout ce qui est dans mon pré m'appartient. Et puis, laisse-moi tranquille. Je n'ai pas de leçon à recevoir d'une bourrique. A ce dernier mot, l'âne baissa la tête et n'osa plus rien dire. Il avait autant de honte que de chagrin et, regardant les petites à la dérobée, ne savait pas quelle contenance prendre. Mais Delphine et Marinette n'y prenaient pas garde, très ennuyées elles-mêmes d'avoir perdu leur balle. Elles prièrent encore une fois le jars de la leur rendre, mais il n'écouta même pas. Il se préparait à partir pour l'étang avec sa famille, et il donnait l'ordre à la mère l'oie de prendre la balle dans son bec. Comme l'étang se trouvait derrière les prés, à la lisière du bois, il défila avec les oisons devant la clôture où se tenaient les petites et leur ami l'âne. A ce moment-là, un oison qui aimait s'instruire montra la balle que portait sa mère et demanda quelle espèce d'oiseau l'avait pondue. Ses frères se mirent à rire et le jars lui dit sévèrement : — Allons, taisez-vous. Vous êtes un âne. (à suivre...)