Parcours n C'est au lendemain des évènements d'Octobre-1988 que l'association culturelle et scientifique «El-Qalam» a vu le jour à Oran, à l'initiative d'un groupe de jeunes non-voyants. «Nous avons profité de l'ouverture politique qui a suivi pour obtenir notre agrément en 1989», indique son président, Chikh Bouchikhi. Au début, l'association avait une dimension locale. Mais après avoir pris part à une conférence ayant regroupé les non-voyants maghrébins en 1992, ses animateurs ont commencé à penser à lui donner un autre statut. «Nous avons compris qu'il fallait faire quelque chose au niveau national», affirme à ce propos M. Bouchikhi. Ainsi est née, le 16 février 1993, l'Association nationale de promotion des jeunes aveugles qui s'est assigné l'objectif de mettre à la disposition des non-voyants les moyens à même de leur permettre de s'épanouir. «Un aveugle, c'est un être humain avant tout et après tout», fait remarquer le président de l'association. Une manière comme une autre pour lui de dire que perdre la vue ne signifie pas perdre ses droits. Dès sa création, «l'Association nationale de promotion des jeunes aveugles a milité pour la création d'une revue en braille et d'une imprimerie sonore, ainsi que pour l'alphabétisation des non-voyants», indique son président tout en précisant que le premier objectif n'a pas tardé à être réalisé : «Le 29 juillet 1993, nous avons réussi à éditer pour la première fois dans l'histoire de notre pays une revue en braille spécialisée. Malheureusement, après 7 ans d'existence et quelque 28 numéros édités, cette revue a cessé de paraître pour des raisons techniques. «C'est notre indépendance que nous avons perdue avec sa disparition.» Outre cette œuvre, l'association est parvenue à «arracher» des espaces pour aveugles au niveau de certaines bibliothèques et à organiser plusieurs manifestations culturelles et scientifiques dans plusieurs wilayas du pays. A Oran par exemple, elle a mis en place un forum mensuel qui s'intéresse à la poésie. «Il est devenu un rendez-vous culturel incontournable», note M. Bouchikhi. Et de souligner : «Dans le cadre de nos activités, nous donnons également des cours de braille aux jeunes aveugles et les aidons à poursuivre leurs études par correspondance.» L'Association nationale de promotion des jeunes aveugles ne vit, selon son président, que grâce aux subventions du ministère de la Culture. «Nous n'exigeons même pas de cotisations à nos adhérents car, nous savons très bien qu'ils sont issus pour la plupart de milieux défavorisés», dit-il. Et de conclure : «L'essentiel pour nous est de permettre aux non-voyants de se retrouver, de se parler, de vivre leur vie malgré tout.»