Le culte des chiffres est bien enraciné chez nos dirigeants. Quand, par exemple, toutes les critiques se concentrent pour dénoncer la qualité de l?enseignement dispensé dans nos écoles, la déperdition scolaire, qui laisse sur le carreau chaque année près d?un demi-million d?élèves et le taux dérisoire de réussite au baccalauréat, les autorités ripostent par une pluie de chiffres mirifiques célébrant les millions d?enfants scolarisés, les dizaines de milliers d?établissements scolaires, les milliers d?enseignants, les milliers de manuels scolaires édités... Même histoire pour l?état de nos finances et de notre économie. Alors que le nombre de chômeurs ne cesse d?augmenter chaque année (le taux de chômage est l?indice révélateur du niveau de développement d?un pays), alors que les maladies du moyen-âge, telle la peste, ont refait surface, que le manque d?hygiène, se traduisant par la prolifération de dépotoirs anarchiques, se généralise, faisant ainsi peser sérieusement la menace sur la santé publique, alors que beaucoup d?Algériens ne mangent pas à leur faim, les autorités font valoir leurs fameux chiffres sur? l?état de la balance de paiement, les milliards, en dinars ou en devises sonnantes et trébuchantes, dépensés par l?Etat pour l?importation de marchandises et de biens de consommation, les milliards de la dette, etc. Tout cela est loin d?intéresser le commun des Algériens qui voit dans ces chiffres plutôt l?état de la caisse sur laquelle il n?a pas le contrôle que celui de l?état réel du pays.