Paradoxe n Le constat est partagé par les officiels et les experts nationaux et étrangers : l'Algérie peine toujours à attirer des taux d'investissements directs étrangers (IDE) à la mesure des énormes potentialités dont elle dispose. S'exprimant ce matin sur les ondes de la Radio nationale, Youcef Benabdellah, chercheur au Cread et enseignant à l'Institut national de la planification et des statistiques (INPS), a tenté d'apporter quelques explications à cette situation pour le moins paradoxale. M. Benabdellah rappelle que notre pays s'est doté de tout un arsenal juridique à même de lever les entraves qui dissuadent les étrangers d'injecter leurs capitaux dans l'économie nationale puisque, aujourd'hui, «de tous les pays de la rive Sud de la Méditerranée, le code des investissements algérien est le moins discriminant envers les étrangers». Malheureusement, déplore-t-il, l'attractivité d'un marché ne repose pas uniquement sur cet aspect. «Les ressources naturelles, les coûts de la main-d'œuvre, les ressources humaines, le climat macro-économique, la qualité des institutions… c'est l'ensemble de ces facteurs qui interagissent et qui font qu'il y a attractivité ou non», explique-t-il. Toutes entraves ayant trait à ces facteurs sont en passe d'être levées, mais, regrette-t-il encore, nos voisins l'ont déjà fait sans pour autant «faire mieux que nous en matière de flux de capitaux». L'économiste estime qu'en sus des facteurs précédemment cités, la clé de voûte de l'encouragement des IDE reste la croissance économique. «La rive sud de la Méditerranée est déclarée comme étant une région relativement marginalisée. C'est la raison qui fait qu'elle n'enregistre pas des taux de croissance élevés. Quels que soient les entraves et le climat des investissements, les IDE sont d'abord attirés par un taux de croissance élevé. Or, nous savons que l'Algérie est en voie de redémarrage économique qui exige des coûts élevés, et il ne faut pas s'attendre à ce que les investisseurs étrangers viennent pour subir ces coûts. Ils attendront que les nationaux subissent ces coûts pour venir partager la croissance», explique-t-il. Dans le même ordre d'idées, l'universitaire cite l'exemple du secteur des hydrocarbures qui se taille la part du lion du total des investissements étrangers, justement «parce que ce secteur enregistre un taux de croissance élevé, et quand les autres secteurs enregistreront un taux élevé, les IDE se dirigeront automatiquement vers eux». Cette éventualité conjuguée à d'autres facteurs tels l'assainissement en cours des institutions, le cadre macro-économique avantageux, la balance de payement sécurisante font dire à M. Benabdellah que notre pays a tout pour devenir une destination privilégiée des investisseurs étrangers. Il nous restera, alors, préconise-t-il, de négocier les meilleurs moyens d'acquérir ce que nous recherchons le plus de ces flux de capitaux, à savoir le transfert de la technologie, de l'innovation et des ressources humaines expertes. l Le chercheur ne confirme ni n'infirme le chiffre de 3 milliards de dollars d'IDE avancé par diverses institutions et qui place notre pays en troisième position en Afrique en matière de flux de capitaux après l'Afrique du Sud et l'Egypte. «Ce que je sais, c'est que bon an mal an, l'Algérie reçoit environ 1 milliard de dollars d'investissement», soit «un peu plus ou un peu moins que le Maroc ou la Tunisie». Mais proportionnellement aux investissements totaux ou au PIB, «cela reste quelque chose d'extrêmement faible».