Pour construire sa capitale, Ibn rustom choisit la région de Tiaret où vivent des tribus ibadhites. Une ville existait déjà mais le chef kharédjite voulait créer une cité nouvelle, rivale de Kairouan pour être un centre religieux, politique et militaire du kharédjisme. De plus, le nouveau site, sur le flanc d'une montagne était bien protégé et disposait d'abondantes ressources en eau, non seulement pour la consommation mais aussi pour l'agriculture. La nouvelle ville – Tahert al-soufla ou le bas Tiaret –, construite en 761, est séparée de la vieille ville – Tahert al q'dima, berbérisée en Tagdemt — de 7 milles seulement. Elle est flanquée de murailles puissantes, percées de quatre portes : très vite, la ville prend de l'importance. Elle comporte de nombreuses maisons, des mosquées, un château où résident les imams, des casernes, un marché qui va attirer les négociants de toute la région et où sont vendus les produits du Tell, du Sahara et même de l'Afrique noire. Des étrangers, attirés par la prospérité de la ville et la sécurité que les imams faisaient régner s'y installent. En dépit de leur rigorisme moral et de leur intransigeance religieuse, les Ibadites se montrent tolérants à l'égard des autres religions. Les chrétiens avaient même leur propre quartier, appelé al- Kanissa, le quartier de l'église.