Fondation n Vaincus en Orient, où ils ont commis des excès, les Kharéjites, ont alors trouvé refuge au Maghreb. La ville de Tiaret, située entre le Tell et les Hautes plaines, a été très tôt habitée. En témoignent les sites préhistoriques mis au jour et qui, à la suite de fouilles, ont livré du matériel ainsi que des ossements humains. La région de Tiaret est également connue pour sa peinture rupestre, avec des représentations d'animaux ainsi que des personnages zoomorphes et anthropomorphes. Des inscriptions lybiques ont été également relevées. La région, trop éloignée de la mer, semble avoir échappé à l'influence punique. De toute façon, jusqu'à présent, aucun indice attestant de la présence de Carthage n'a été retrouvé. Les Romains, eux, ont colonisé la région, en fondant une ville qu'ils ont appelée Tingartia. Il se peut que ce nom, à consonance berbère, ait été antérieur aux Romains. Le christianisme s'y répand et la ville devient, au IVe siècle, le siège d'un évêché. Comme d'autres villes maghrébines, elle connaît les troubles religieux puis l'invasion vandale qui la ruinent. Les byzantins la reprennent et l'occupent à leur tour jusqu'à la conquête arabe. La cité, ruinée par les nouveaux venus, se relève et prend le nom de Tahert. C'est la première Tiaret musulmane Cependant, le Maghreb est gagné par l'hérésie kharéjite venue d'Orient. Cette hérésie avait séduit les Berbères, parce qu'elle opposait, aux prétentions légitimistes des gouverneurs arabes issus de l'aristocratie quraychite, des doctrines égalitaristes. Selon la doctrine kharéjite, le calife pouvait être choisi hors de Quraych, il pouvait même ne pas être Arabe : l'essentiel est qu'il ait une conduite irréprochable, qu'il applique à la lettre les principes coraniques et pratique la justice. Autrement, toujours selon cette doctrine, les fidèles devaient le combattre et le mettre à mort. Les kharéjites, qui ont commis des excès, ont été combattus et vaincus en Orient. Ils ont alors trouvé refuge au Maghreb où ils parviennent à soulever les Berbères contre les gouverneurs qui les traitaient avec mépris. La révolte, partie de Tanger, se répand rapidement. Après avoir remporté de francs succès sur les armées arabes, les Kharéjites sont battus, mais parviennent à maintenir certaines positions. Sous la direction d'Abû al Khottab ‘abd al A'la ben al-Samah, ils s'emparent de Tripoli, puis de Kairouan, en 758. Un noble d'origine persane, ‘Abderrahaman Ibn Rostum, est nommé gouverneur de la ville. Mais à la mort d'Abû al-Khottab, Ibn Rostum évacue l'Ifriqya pour le Maghreb central, plus sûr. Pour construire sa capitale, Ibn rostum choisit la région de Tiaret où vivent des tribus ibadites. Une ville existait déjà mais le chef kharéjite voulait créer une cité nouvelle, rivale de Kairouan et centre religieux, politique et militaire du kharéjisme. De plus, le nouveau site, accroché au flanc d'une montagne, était bien protégé et disposait d'abondantes ressources en eau, non seulement pour la consommation mais aussi pour l'irrigation. La nouvelle ville –Tahert al-Sefla ou le bas Tiaret –, construite en 761, est séparée de la vieille ville –Tahert al qdima, berbérisée en Tagdemt — de sept miles seulement. Elle est ceinte de hautes murailles percées de quatre portes : très vite, la ville prend de l'importance. Elle comporte de nombreuses maisons, des mosquées, un château où vont résider les imamas, des casernes, un marché qui va attirer les négociants de toute la région et où vont se vendre les produits du Tell, du Sahara et même d'Afrique noire. (à suivre...)