Nouveauté n Rachid Boudjedra a présenté hier son nouveau roman Hôtel Saint-Georges paru aux éditions Dar El Gharb. La présentation a eu lieu à l'hôtel du même nom. «C'est une rencontre symbolique dans un lieu symbolique, puisque c'est dans ce lieu même que se déroule une bonne partie de mon roman», a déclaré le romancier, ajoutant que la publication de son livre s'inscrit dans la continuité de la production entamée en 1969. «Mon éditeur a voulu avoir la primauté, donc j'ai aussitôt accepté, et cela m'a fait plaisir, parce que, moi, j'ai l'habitude de publier en France.» Rachid Boudjedra a, à son actif, plusieurs publications. La dernière, les Funérailles, remonte à cinq ans (2002). «J'ai décidé depuis de ne plus écrire, parce que j'écrivais trop, mais j'ai réalisé tout de suite qu'il fallait reprendre l'écriture, car j'ai constaté, en lisant les biographies de quelques auteurs, qu'ils avaient écrit, à la fin de leur vie, plus de 80 livres, à l'exemple de Mohammed Dib. Cela m'a fait donc énormément d'effet, et ça m'a encouragé davantage à faire un autre livre.» Hôtel Saint-Georges raconte la Guerre de libération nationale. C'est l'histoire d'un ébéniste français de grand talent qui est appelé pendant la guerre en Algérie qu'il découvre et qui fait de lui un petit fabricant de cercueil pour les dépouilles des soldats morts pour la France. Ainsi, Rachid Boudjedra renoue avec la Guerre de libération nationale. «Il faut dire que j'ai peu écrit sur la révolution, alors que d'autres auteurs l'ont fait avant moi, avant et après l'indépendance. Mon premier roman sur la Guerre de libération, Le Démantèlement, remonte à 1982, c'est-à-dire vingt-ans après l'indépendance.» S'il est question, dans le premier roman, de la guerre d'Algérie à travers le regard dirigé sur elle de l'intérieur, il se trouve, en revanche, que dans ce présent livre, le deuxième, cette guerre apparaît – et se dit – à travers un regard français. Cela vient donc de l'extérieur. Rachid Boudjedra cherche dans son livre à montrer toute l'horreur de cette guerre, une guerre que la France nie, ou ne reconnaît pas tout à fait. «Je ne comprends pas pourquoi la France reconnaît les crimes perpétrés par les autres nations et dans les différentes guerre, à l'exemple du génocide arménien, alors qu'elle refuse de reconnaître les crimes qu'elle a commis en Algérie», a-t-il dénoncé. Par ailleurs, et s'exprimant sur la manière dont son roman est organisé, l'auteur a dit «c'est un roman simple, écrit dans un langage qui se veut accessible aux lecteurs», «c'est dans un désir d'efficacité et de clarté que j'étais simple parce que le sujet est douloureux», a-t-il ajouté. Rachid Boudjedra relève que son roman est à caractère psychanalytique dans la mesure où il fait parler des personnages. «Mon roman comprend une dizaine de personnages, et chacun parle de lui-même ou de l'autre. Une sorte de confidence», a-t-il précisé. S'agissant du choix de ses personnages, Rachid Boudjedra a indiqué que l'un de ses protagonistes principaux est une femme. «Tout mon travail a consisté à mettre la femme au centre de mes romans, et ce depuis La Répudiation. Mes personnages femmes ont, depuis, et au fil de chaque roman, évolué avec, bien sûr, l'évolution de la société algérienne, même si cela s'est fait d'une manière discrète mais efficace», a-t-il expliqué. Enfin, et pour finir, Rachid Boudjedra a annoncé que ce roman sera incessamment traduit. «Ce n'est pas moi qui vais le traduire, ce sera quelqu'un d'autre, parce que j'ai réalisé qu'en traduisant mes romans, chose que je ne fais plus, ce n'était pas tout à fait de la traduction, mais une sorte de réécriture», a-t-il conclu.