Réaction n A chaque affichage d'une liste de bénéficiaires de logements sociaux, c'est souvent la colère, la protestation et parfois l'émeute et cela à tort ou à raison. Ce sont d'ailleurs les principales raisons ayant poussé les autorités à retirer aux APC cette prérogative. L'attribution des logements, qui est depuis des années un privilège des «mairies», est désormais une affaire de daïras. Tout le monde se rappelle les dépassements de certains responsables, du piston, des pots-de-vin, des démonstrations de force et même d'incarcération de certains responsables locaux liés à ces listes. L'affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux a été toujours synonyme de problème. La défaillance et les limites des commissions communales, qui chapeautaient jusqu'à 2004 les opérations de distribution des logements sociaux, ne sont plus à prouver. Des listes arrêtées depuis des mois et ayant fait l'objet à plusieurs reprises, de révision de la part des commissions communales, tardaient à être affichées. Cette situation constituait une véritable bombe à retardement que les pouvoirs publics ont eu tout le mal du monde à désamorcer. Les témoignages ne manquent pas. La presse a régulièrement rapporté des cas d'agressions et d'intimidation des membres des commissions communales d'attribution de logement qui sont accusés, parfois à tort mais parfois aussi à raison, de malhonnêteté et de favoritisme… «Tout le monde se sentait victime d'injustice, de rancune, de vengeance… Une situation qui s'explique d'ailleurs, vu le nombre très limité des logements attribués, souvent quelques centaines pour des milliers de demandes», explique Hayat R. ex-membre d'une commission d'attribution de logement à l'APC de Chéraga. En effet, à chaque affichage de listes de bénéficiaires c'est toute la rue qui bouge systématiquement, c'est le sujet principal des discussions dans les cafés et les familles. C'est la bête noire des élus, qui préfèrent renvoyer l'opération aux calendes grecques. Les émeutes, qui ont émaillé les communes un peu partout dans le pays, sont là pour attester de la complexité du problème qu'aucune mesure n'est venue atténuer. Les pressions exercées sur les communes surpeuplées de la capitale ont été véridiques vu le nombre important de demandeurs de logements. Les images de citoyens se rendant, en nombre imposant chaque jour de réception aux sièges des APC afin de s'informer de l'évolution de leurs dossiers constituaient, un décor quotidien de nos communes. «En cas de non-satisfaction de leurs demandes, les citoyens organisaient instantanément des sit-in, et allaient parfois jusqu'à bloquer les routes», raconte un ex-maire à Chéraga.