Noureddine Moussa, le ministre de l'Habitat, avait reconnu l'année dernière lors de son passage au forum de l'ENTV, des dépassements «enregistrés par le passé» dans l'octroi du logement social. A une question de la présentatrice de l'émission qui soutenait que les bénéficiaires de plusieurs logements sociaux se comptaient souvent parmi des responsables, le ministre avait rétorqué que «les recours sont enregistrés pour éviter de pareilles erreurs. Il faut reconnaître, que quand il s'agit d'un travail humain, il y a toujours des manques que nous allons rattraper dans l'avenir». Il ajoutera juste après que «cette responsabilité incombe aux collectivités locales». Pour confirmer que les «rênes» sont maintenant entre les mains de son département, le ministre précisera, par ailleurs, que «nous avons établi un fichier national qui renseigne sur tous les octrois de logements et d'aides financières. Toute personne ayant bénéficié d'un logement ou d'une aide sera exclue dans l'avenir». C'est de cette façon que le ministre pense mettre fin aux spéculateurs qui recourent, souvent, à la construction de bidonville pour bénéficier à plusieurs reprises de logements sociaux. Pour mieux gérer son secteur, Noureddine Moussa a décidé le changement de la désignation du logement social. «Il s'agira désormais du logement locatif. C'est une formule prise entièrement en charge par l'Etat et qui sera destinée aux personnes réellement dans le besoin», avait annoncé le ministre en mettant en exergue le décret permettant l'acquisition du logement social locatif où le seuil du revenu du postulant a été relevé, rappelons-le, à 24 000 DA/mois. «Avec ce nouveau décret, une plus large catégorie de citoyens accèdera à ce type de logement. Il nous permettra, également, une meilleure maîtrise de la demande. Cette formule ne sera destinée qu'aux citoyens qui en ont vraiment besoin et non aux spéculateurs.» Mais est-ce pour autant que le problème des acquisitions grâce au «copinage» a été réglé ? C'est loin d'être l'avis des citoyens qui ne ratent aucune occasion de dénoncer l'irrégularité dans l'octroi du logement. Toujours au cœur de l'émeute, la distribution entachée d'irrégularités des logements amène des jeunes dans plusieurs wilayas du pays à incendier des édifices de l'Etat, à bloquer les voies publiques et à crier leur désarroi. Pourtant, l'Etat a décidé, en promulguant un décret exécutif, de transférer les prérogatives d'attribution des logements sociaux de la sphère des compétences des Assemblées populaires communales aux daïras. Ce décret, qui a amendé celui de l'année 2000, retire donc à la commission communale, présidée par le maire, le pouvoir de distribution du logement sociale. Mais cela n'a pas apaisé le mécontentement des citoyens qui continuent de dénoncer les irrégularités après chaque affichage des listes des bénéficiaires. Le gouvernement, en transférant les prérogatives de distribution à la daïra, reprochait également aux communes l'important retard qu'elles enregistrent dans la distribution des logements finis depuis des années. Ce retard a été enregistré au niveau des daïras et occasionne au Trésor public un important manque à gagner en matière de loyers mais également des sommes colossales de pertes occasionnées par l'entretien et le gardiennage.