Résumé de la 47e partie n Des traces, des monuments, des instruments et surtout des restes humains, prouvent l'existence, dans le passé, de géants... La pratique de l'anthropophagie est également une réalité, maintes fois décrite chez plusieurs peuples et qui semble s'être perpétuée jusqu'à nos jours. Le cannibalisme, en tant que pratique alimentaire, a été pratiqué dans la préhistoire. En effet, on a souvent trouvé, au milieu d'ossements d'animaux, des ossements humains. Même si cette pratique a dû se prolonger longtemps, elle a dû inspirer très tôt de la répugnance, seuls les groupes humains les moins évolués ont continué à se nourrir de leurs semblables, notamment en période de famine. Les récits de voyage du moyen-Age rapportent des rencontres avec des peuplades anthropophages mais c'est avec la découverte de l'Amérique que les Européens vont être confrontés à des populations cannibales. Le mot cannibale vient d'ailleurs du mot Caraïbes, on pense également que c'est une altération du mot caribal qui, dans la langue des Caraïbes, signifie «homme courageux» et, au figuré, «homme cruel et féroce». Le cannibalisme a été longuement étudié et si son existence n'est pas remise en cause, les anthropologues prennent soin de faire une distinction entre l'anthropophagie, le fait de faire de l'être humain sa nourriture, du cannibalisme. La première appartient au domaine de l'imaginaire et des contes, alors que la seconde est un rite, et n'est pratiquée qu'occasionnellement et avant tout à des fins magiques. Une pratique cannibale relevée notamment au Brésil, c'est ce que les spécialistes appellent l'endocannibalisme ou cannibalisme interne : le groupe mange ses morts ou une partie du corps du mort pour ne pas perdre les forces qu'il est censé contenir. La règle, ici, est que tous les membres du groupe participent à ce rituel, même si, comme l'ont relevé des observateurs, certains éprouvent de la répugnance à manger de la chair humaine et la vomissent. L'exocannibalisme, contrairement à l'endocannibalisme, consiste lui, à manger les ennemis, dont on veut s'approprier la force ou les vertus. On peut penser que ces deux formes d'anthropophagie se complètent mais, en réalité, elles s'excluent, ceux qui pratiquent l'endocannibalisme ne pratiquant pas l'exocannibalisme et vice-versa. L'exocannibalisme est presque toujours lié à la guerre. On mange le corps de ses ennemis, pour s'approprier ses forces mais aussi pour venger ses propres morts, surtout si les captifs pris font partie des meurtriers. Ainsi, les Indiens topinambas du Brésil, étudiés par A. Métraux, mangeaient sur place les ennemis tués mais emportaient les prisonniers. S'ils étaient âgés, ils les exécutaient et les mangeaient rapidement, s'ils étaient jeunes, ils pouvaient les garder jusqu'à vingt ans, les mariaient avec leurs femmes, puis les exécutaient également et les mangeaient, car leur vengeance ne pouvait être totale que s'ils dévoraient leurs ennemis. Le cannibalisme, comme le montrent ces témoignages, est loin d'être un acte de sauvagerie : c'est un rituel organisé, avec ses règles, ses prescriptions et ses prohibitions. Ainsi, l'ogre des contes a des modèles réels : le géant et l'anthropophage... Quant au merveilleux qui entoure les récits, la magie, les trésors, ils font, eux partie, de l'imagination féconde de l'homme.