Dans l'antiquité, les Berbères, à l'instar d'autres peuples, pratiquaient le culte des pierres. Cette pratique semble s'être perpétuée jusqu'au Ve siècle de l'ère chrétienne, puisque saint Augustin cite un bétyle, Abbadir (Lettres XVIII), dont le nom a été retrouvé à Manliana, en Maurétanie césarienne. Le nom de Abbadir est phénicien et signifie «Père puissant». Des traces d'adoration de la pierre semblent avoir subsisté jusqu'au Moyen-Age encore, si on en croit le géographe arabe al Bekri (XIe siècle) : «On rencontre une idole de pierre, dressée sur une colline, appelée Guerza. Jusqu'à nos jours, les tribus berbères des environs lui font des sacrifices, lui adressent des prières pour obtenir la guérison de leurs malades et lui attribuent le pouvoir de les enrichir.» On a pensé à Gurzil, le dieu des anciens Laguatans, qui prenait la forme d'un taureau, mais cette interprétation est rejetée par certains auteurs. Pline l'Ancien et Pomponius Mela évoquent, en Cyrénaïque, un rocher consacré à l'Auster : dès qu'un homme le touche, un vent violent se lève et agite le sable comme il agiterait des flots. En fait, ce n'est pas le rocher qui agit, mais la divinité qui y réside.