Littérature n Karim Amellal, jeune Français d'origine algérienne, a présenté, hier lundi, au complexe culturel Laâdi flici son roman, «Cités à comparaître». «L'histoire du roman aborde l'ensemble des problèmes liés à l'immigration, donc à la diversité culturelle et à la question identitaire en France et la manière dont le tout est appréhendé ou bien rejeté»,a-t-il déclaré, ajoutant que «tout cela est abordé à partir d'un regard français mais d'origine algérienne». Le roman expose en effet la réalité des banlieues, ces cités ghettos, ces lieux périphériques marginalisés, ignorés par la justice et le gouvernement. «La question sociale est au centre du récit», a-t-il relevé, avant de préciser que «les inégalités sociales engendrent des trajectoires extrêmes, à savoir haine et violence». Karim Amellal explique donc dans ce roman la détresse, le désespoir mais aussi la rage et la haine des populations issues de l'immigration. «J'ai écrit ce livre d'un jet», a déclaré l'auteur, avant de souligner que «le roman a été écrit comme une chanson de rap pendant les émeutes urbaines qu'a connues la France fin 2005.» Ainsi, Karim Amellal, en tant qu'observateur, cherche à comprendre et à expliquer les raisons de la haine que nourrissent ces jeunes des banlieues à l'encontre de la République française et de la violence qui en découle. Le roman peut paraître osé, choquant tant le langage (l'écriture) tenu par le narrateur se révèle fort, furieux, déchaîné. Un langage violent, osé mais pertinent. «C'est une écriture qui s'exprime avec un rythme vigoureux et des mots véhéments. C'est une écriture se voulant un acte de révolte contre l'académisme et la langue canonique.» Autrement dit : le roman s'exprime en verlan, donc dans un français réinventé. «Je ne pouvais pas parler des populations issues de l'immigration avec un français soigné et académique. Je me suis alors mis dans la tête de mon personnage en empruntant sa langue», a expliqué l'auteur. Le roman de Karim Amellal est doublement engagé, et dans la forme et au niveau du contenu, c'est-à-dire il est une réaction contre l'exclusion et la discrimination à l'encontre des populations issues de l'immigration entretenues par le gouvernement, et il est une fois encore une réaction contre «une littérature (française) qui s'est embourgeoisée et qui ne tient pas compte des réalités des minorités», a-t-il dit. Karim Amella cherche à apporter une autre façon de faire de la littérature, donc d'écrire. «Le verlan est une langue contemporaine qui, profondément ancrée dans la société française, se nourrit de l'immigration, donc de la diversité. Elle donne à voir ce qui est la France d'aujourd'hui. C'est une langue riche.» Il est à souligner que le livre est paru, pour la première fois, en France, en 2006, aux éditions Stock, et qu'il vient de paraître, en Algérie, aux éditions Sédia en vue de faire connaître de jeunes plumes, mais aussi de rapatrier notre littérature, a déclaré Radia Abed, responsable des éditions Sédia. Karim Amellal animera, ce soir, à partir de 17h, une conférence au Centre culturel français, et une autre, demain après-midi, à la médiathèque Agha.