L'écrivain Karim Amellal a présenté hier au complexe culturel Laâdi Flici à Alger, son roman, Cités à comparaître (éditions Sédia 2007). D'emblée, l'ouvrage paraît traiter du terrorisme, d'autant qu'il commence ainsi : « Ma profession c'est terroriste et ma vie elle se termine comme ça. Par une coupure dans les journaux : un terroriste reconnu coupable de la mort de douze personnes dans un attentat à la bombe à Paris (p. 5). » Cependant, explique l'auteur, le livre est une forme romancée de son essai Discriminez-moi ! Enquête sur nos inégalités (éditions Flammarion 2005). Essai dans lequel « je me suis exprimé sur la diversité, la laïcité et autres thèmes fondamentaux qui sont sujets de débats en France. Il est sorti durant la période des émeutes vécues par les banlieues parisiennes ». Dans « Cités à comparaître, livre que j'ai écrit comme une chanson de rap, j'ai abordé des thèmes ayant trait à la toxicomanie, à la révolte, à la sexualité, entre autres. Comme j'ai tenté d'expliquer que les émeutes n'ont aucun rapport avec la religion ou le fait qu'on appartient à une race, comme ont tenté de le faire croire certains intellectuels, à l'exemple d'Alain Finkielkraut », relève le même intervenant. Ce dernier se dit « choqué d'entendre ces mêmes intellectuels et médias faire l'amalgame entre terrorisme et Islam. Les cités sont devenues des bulles de haines ». De par ce livre, « je dénonce ces amalgames et la misère sociale. Je ne justifie pas les actes de vandalisme. J'essaie de comprendre et d'expliquer des comportements et des trajectoires qui mènent à la délinquance, à la drogue et parfois au terrorisme ». L'auteur a utilisé comme outil d'expression le verlan, une variante de l'argot, qui consiste à inverser les syllabes qui composent le mot. « J'ai utilisé le verlan pour exprimer ma révolte contre l'académisme, la langue canonique et à la littérature bourgeoise et égoïste. J'aime la langue française, mais je ne peux pas faire parler un jeune de banlieue sans utiliser son langage et ses références », indique Karim Amellal. Il insiste sur le fait que son roman ne traite pas du terrorisme. Le personnage Silou « ne connaît pas son père, il abandonne ses études parce que ses professeurs ne lui ont pas donné envie d'étudier. Il rompt ses liens avec sa famille et sombre dans la délinquance ». Le parcours de Silou est résumé à la fin du livre : « Mais c'est trop loin le futur. ça arrive qu'à ceux qui ont déjà un présent. Moi j'ai rien qu'un passé et c'est déjà dur de composer avec (...). J'aurais juste voulu être un homme dans ma vie. Pas un terroriste (p. 152) » Certes, on ne peut justifier l'injustifiable. Mais il est des situations où l'individu n'est que ce que fait de lui la société où il vit.