Rencontre n Faïza Guène, une Française d'origine algérienne, a présenté, hier, mardi, au centre culturel Laâdi-Flici du théâtre de verdure son dernier roman Du rêve pour les oufs. Paru en France en 2006 aux éditions Hachette Littératures et réédité en Algérie aux éditions Sedia, le roman raconte la vie d'Ahlem, une jeune fille de 24 ans, ses boulots sous-payés et son don pour attirer les ploucs, c'est aussi l'histoire de son père qui a perdu la boule et d'un frère qui tourne mal. Faïza Guène décrit «l'angoisse palpable dans la file d'attente du renouvellement de la carte de séjour, les affres des expulsions, les vies brisées par l'accident, la tentation des petits trafics, les grands qui utilisent les petits et la dureté des personnels de l'éducation nationale». L'action du récit se déroule dans un quartier en difficulté. C'est l'histoire de la banlieue, donc de la minorité, ignorée et marginalisée. Le roman est la voix des banlieues. Il exhorte à réfléchir sur les raisons profondes du malaise des banlieues au-delà des événements de l'automne 2005. Interrogée sur la nature de son roman, Faïza Guène dira : «C'est une fiction même si l'histoire est inspirée du vécu, alimentée par la vie quotidienne», avant de parler de son écriture. «J'ai une écriture spontanée.» Et d'ajouter : «Dans mon écriture, c'est le rythme qui m'intéresse pour donner au texte plus d'entrain et le rendre fluide et aéré. J'utilise le langage de mes personnages, pour les rendre plus crédibles et authentiques. Je privilégie dans mon roman les personnages. Je les décris et les mets en valeur. Car ce sont eux qui mènent à l'histoire. Ce qui compte aussi pour moi, ce sont les petites choses de tous les jours. Je trouve d'ailleurs intéressant le regard qu'on porte sur les choses, et c'est ce regard que je fais voir dans mon texte.» Faïza Guène a expliqué que, pour elle, «l'écriture est un amusement, un plaisir, une passion. Elle témoigne d'une envie d'écrire». Elle a ensuite parlé de sa venue à l'écriture qu'elle considère fortuite, voire providentielle. «Je ne crois pas au hasard, mais plutôt au destin», a-t-elle dit. Et de poursuivre : «C'est à l'âge de 17 ans que j'ai commencé à écrire. J'ai écrit un début de texte, dans le cadre d'un atelier d'écriture. Il est tombé entre les mains de celui qui dirigeait l'atelier. Il l'a lu et l'a trouvé intéressant. Il a proposé à une éditrice qui a aussitôt accepté de le publier.» Kif Kif demain, son premier roman, paru en 2004, a reçu un succès retentissant, voire inattendu. Il a été vendu à plus de deux cent mille exemplaires. Il a été l'une des meilleures ventes de l'année 2004 et a été traduit en 22 langues. Il est à souligner en définitive que Faïza Guène a commencé, avant de se lancer dans la littérature, par écrire des scénarios de films. Elle a réalisé quelques courts-métrages. «Si un jour je reprends l'audiovisuel, je me tournerai vers le documentaire.»