«J'ai un peu forcé sur le trait, mais pour réveiller les consciences et faire attention à ce qu'on prenne garde à la souffrance d'autrui...» Son roman frappe les consciences, assiège les esprits. Avec une écriture «jeune», ou se mêlent verlan et langage de baston, rien d'étonnant que Karim Amellal fasse mouche en se démarquant par un nouveau souffle littéraire radicalement opposé à celui, gnognon qui l'exaspère au plus haut point et qu'il désapprouve totalement. Seule compte pour lui, la littérature à connotation politique. Un verbiage parlé, des mots de sa génération, crus, expressions obscènes, phrase courte, cela peut choquer, toutefois, cela passe comme une lettre à la poste. Et c'est tant mieux. Apres un premier livre, un essai sur les inégalités, les discriminations, les banlieue, l'école et les minorités, intitulé: Discriminez-moi! Enquête sur nos inégalités, paru en novembre 2005, chez Flammarion, Karim Amellal, tape encore plus fort et sort une nouvelle version plus trash. Un roman qui suinte la misère et la frustration, où est expliqué comment un mec qui voulait juste devenir «homme» dérape et devient poseur de bombes. Un terroriste...le nom de ce roman, sorti en 2006 aux éditions Stock: Cités à comparaître. Son auteur n'a que 28 ans. Né à Paris d'un père algérien et d'une mère française, il a vécu plusieurs années en Algérie avant de venir vivre en France, dans la banlieue nord de Paris (Val-d'Oise). Diplômé de sciences-po et ancien élève de l'Ecole supérieure de commerce de Paris, il a, aussi, fait des études de lettres et de philosophie. Il est, aujourd'hui, maître de conférence à sciences-po. A l'occasion de la sortie de son premier roman, Karim Amellal était la semaine dernière à Alger, invité par les éditions Sédia qui a acheté les droits de son roman. Ceci s'inscrit dans la continuité de son travail de réédition de nos auteurs algériens vivant à l'étranger en les publiant dans sa collection Mosaïque. Aussi, après les grands auteurs, Sédia a choisi de faire connaître nos jeunes écrivains méconnus chez eux en leur donnant la chance d'être lus en Algérie, et ce, à prix réduit. Aussi, après Karim Amellal, ce sera le tour de Faïza Guène en juin prochain, ainsi de suite...Revenant à Karim Amellal, invité au mercredi du verbe, initié par les Etablissements Arts et Culture, à la médiathèque Agha, ce dernier relèvera à plusieurs reprises la nécessité de tels livres au jour d'aujourd'hui. «Pour ne pas oublier, notamment et surtout provoquer des actions concrètes sur le terrain, vis- à-vis des gens des banlieues.. Prenez Jamel Debbouz, il vit à Saint Germain, mais il n'oublie pas d'où il vient..». évoquant le personnage de Cités à comparaître, Karim Amellal fera remarquer que c'est un adolescent sans une identité, ni religion ou couleur déterminée. «C'est une bulle de haine, enfermé dans lui même, ne communique avec personne, si ce n'est avec la police. Même sa relation avec Nadia échoue. Il s'enferme dans le mépris, englué dans la misère. Il évolue avec des envolées de violence...» Avec une écriture «qui n'est pas la mienne» dit-il, l'auteur souligne avoir voulu se mettre dans «la peau de quelqu'un qui va faire le mauvais choix dans sa vie, ceci pour expliquer à l'opinion publique comment un jeune pouvait venir à commettre des actes complètement gratuits..» Et de reconnaître: «j'ai aussi forcé sur le trait. C'est caricatural mais pour réveiller les consciences et faire attention à ce qu'on prenne garde à la souffrance d'autrui...» Enfin, Karim Amellal avouera avoir ressenti quelques appréhensions à l'égard de la sortie de son roman en Algérie. «c'est peut être un peu fort. Au-delà du langage, les thèmes sont toutefois universels, comme la drogue, la délinquance, la misère, la récupération politicienne...ce sont là des thèmes qui peuvent parler aux lecteurs algériens..»