Diversité n Les structures d'accueil des personnes âgées hébergent des pensionnaires de différentes catégories : des personnes rejetées par leur famille, d'autres quittant volontairement leur domicile, des femmes divorcées et des vieux n'ayant pas pu fonder un foyer. Une virée au centre d'accueil pour personnes âgées et / ou handicapées de Sidi-Moussa, à la périphérie Sud d'Alger, nous a permis d'avoir une idée assez précise de la population des pensionnaires de ce genre de structures. Il y a d'abord ceux qui ont été abandonnés par leurs propres enfants. Ce sont des gens qui, pour ainsi dire, ont eu une vie «normale». Ils ont travaillé de longues années durant pour faire grandir leurs enfants, et qui, au bout du compte, n'ont pas vu leurs efforts récompensés. «Ce sont les plus atteints sur le plan psychologique par ce qui leur arrive. Ils arrivent le plus souvent dans un état qui frise la dépression. Nous devons agir avec eux avec un maximum de dextérité», nous dit M. Ali, médiateur social au centre de Sidi-Moussa. D'autres, n'ont pas été rejetés, à proprement parler par leur progéniture, mais, ne supportant pas les attitudes souvent inconvenantes à leur égard de la part des autres membres de leur famille, ont quitté leur domicile de leur propre gré. Notre interlocuteur explique le phénomène par le fait que beaucoup de changements sont survenus dans la cellule familiale algérienne depuis quelques décennies. «Ces personnes ont été éduquées à une époque où on ne discutait pas les ordres et les avis des parents auxquels les enfants vouaient un respect à la limite de la vénération. Il leur est, de ce fait, difficile d'accepter le fait de voir leurs enfants prendre des décisions capitales sans même les consulter», ajoute notre interlocuteur. Quand ils se présentent au centre, nous dit-on, ils prétendent ne pas avoir de famille, de peur de ne pas être acceptés, puisque la réglementation stipule clairement que seules les personnes n'ayant pas où aller sont admises. Ce n'est que bien plus tard, lorsque leur famille parvient à trouver leur trace, qu'ils sont démasqués. Parfois, ce sont les cadres du centre qui arrivent, au fur et à mesure des discussions avec les pensionnaires, à découvrir la vérité. «Mais on ne peut pas les contraindre à regagner leur domicile, dès lors, qu'il y règne une atmosphère qui les a incités à fuir», nous dit la directrice du centre, Mme Si Larbi. Les femmes divorcées se trouvent, également, en grand nombre dans les centres d'accueil. Avant les amendements apportés au Code de la famille dans son volet relatif au domicile conjugal et l'obligation faite aux époux d'assurer un logement à l'épouse divorcée, de nombreuses femmes se sont retrouvées à la rue, du jour au lendemain et, leurs frères et sœurs n'étant pas obligés de les recueillir, elles n'ont qu'une seule destination : les centres d'accueil. Ces derniers constituent également l'unique planche de salut pour une autre catégorie de la population, ceux qui, pour une raison ou une autre, n'ont pas pu fonder un foyer, donc n'ayant pas de progéniture pour les prendre en charge au crépuscule de leur vie. A Sidi- Moussa, ceux qui sont dans ce cas, sont très nombreux. Toute leur vie durant, ils travaillaient et vivaient au jour le jour. Surpris par la vieillesse, ils n'ont pas pu voir venir... leur vieillesse.