« Cela fait très mal au cœur de voir des pères et des mères coupés de leur milieu familial, après avoir été délaissés par leurs proches pour une raison ou pour une autre. » « Dar Acheikhoukha », comme on l'appelle communément ici, abrite aussi bien les sans-abri que les personnes abandonnées par leurs proches. Leur âge varie entre 50 et 85 ans et sont originaires de différents coins de la wilaya. Certains meurent dans l'anonymat, cédant la place à d'autres pensionnaires. C'est le cas notamment de cet imam qui a été rejeté par les siens avant d'être récupéré par son fils. Il décèdera quatre mois plus tard chez lui. S'il a pu réintégrer sa famille, c'est grâce, nous dit-on, au travail de sensibilisation mené par le directeur du centre. « Cela me fait très mal au cœur de voir des pères et des mères coupés de leur milieu familial, après avoir été délaissés par leurs proches pour une raison ou pour une autre. Certes, nous faisons tout pour qu'ils soient bien pris en charge, mais rien ne remplace la chaleur familiale. Lorsque les proches sont connus, nous essayons de les sensibiliser sur la nécessité de venir récupérer leurs parents », déclare le directeur du Centre. Il nous apprend que 8 des 29 pensionnaires se trouvent dans cette situation et attendent un éventuel geste de leur progéniture. Parmi eux, figurent 5 femmes d'un âge avancé. Le reste de l'effectif est composé des SDF qui erraient dans les rues des villes et villages. Lieu de refuge Certains sont issus des wilayas limitrophes et ont été placés dans le centre par les services concernés. L'établissement que gère l'APC de Chlef depuis 18 ans est l'unique du genre dans la région. Il est financé sur fonds propres et s'étend sur 2,5 hectares à la périphérie de la ville. Il est composé essentiellement de locaux en préfabriqué, mais il se trouve au beau milieu d'un site naturel agréable. Encadrée par 22 agents, dont une psychologue, l'infrastructure demeure le seul lieu de refuge pour cette catégorie de personnes en détresse. Elle est sollicitée de temps à autre pour accueillir également des familles jetées dans la rue. Cependant, pour ce cas, le séjour est souvent limité pour des raisons évidentes. Pendant le ramadhan et les fêtes religieuses, elle reçoit des dons en produits alimentaires de la part de bienfaiteurs, indique le responsable de l'établissement qui annonce, par ailleurs, la réalisation d'un nouveau centre d'accueil dont les travaux sont en cours. Celui-ci, érigé dans la banlieue de Chlef, est entièrement financé par l'APC locale et sera doté d'équipements, dont un bloc médical.