InfoSoir : Comment l?idée d?accorder des crédits aux pauvres vous est-elle venue à l?esprit ? M. Dechemi : Ce qu?on dit des banques en général c?est qu?elles ne prêtent qu?aux riches. De par notre initiative, nous avons voulu prouver le contraire. Pour répondre à votre question, je dirais que c?est en voyant la misère dans laquelle vivent certaines familles que nous avons pris la décision de faire quelque chose pour les aider. Vous savez, il y a des ménages qui n?ont absolument rien. Mais c?est un grand risque que vous prenez là, sachant que vous n?exigez aucune garantie des bénéficiaires des crédits? Nous sommes conscients de cela. Cependant, notre conviction profonde est que les bénéficiaires feront tout leur possible pour rembourser l?argent qu?on leur donnera. Pour tout vous dire, je suis certain que cette opération réussira. Nous avons un peuple valeureux, digne de confiance. S?il y a un risque dans cette expérience, c?est celui de la confiance mal placée. Les bénéficiaires des crédits auront-ils à payer des intérêts en contrepartie ? Non, ils auront juste à rembourser l?argent qu?on leur prêtera. Il se peut qu?on leur demande de payer des frais de gestion, mais ce sera vraiment quelque chose de symbolique. En tant qu?établissement bancaire, qu?allez-vous gagner dans cette expérience ? La confiance des familles qui vont bénéficier de ces prêts. Ils compteront certainement parmi nos clients, ce qui nous honore beaucoup et nous suffit largement. Pour le reste, cela nous importe peu du moment que notre objectif est d?aider des familles qui n?ont aucune ressource. Justement, quelles sont les familles qui ont le plus de chances d?être choisies pour cette première expérience ? Plus on est pauvre, plus on a des chances de faire partie des bénéficiaires. En d?autres termes, ce seront les familles les plus pauvres, qui n?ont absolument aucune ressource qui seront choisies. On tient beaucoup à cela. Avez-vous pris attache avec les pouvoirs publics pour participer à cette opération ? Non, mais toute contribution est la bienvenue. On n?a tout de même pas le droit d?empêcher des gens ou des institutions qui veulent aider des personnes et des familles qui sont vraiment dans le besoin. Si l?Etat décide de participer à cette opération, on ne pourra qu?applaudir, c?est clair.