Décalage n Les quantités d'opiacées, saisies ces dernières années, dépassent rarement quelques dizaines de grammes. Même si, en 2006, les gendarmes ont mis la main sur 7 kilogrammes de cocaïne, cela reste presque insignifiant devant les tonnes de kifinterceptées chaque année. L'Algérie est-elle devenue un pays consommateur de drogues dures ? De l'aveu même de M. Sayeh, la réponse est négative. La résine de cannabis et le chanvre indien, en provenance notamment du Maroc, font des ravages parmi la jeunesse algérienne, mais pas la cocaïne et encore moins l'héroïne. Dans sa dernière sortie médiatique, le président de l'Onld a réitéré cet état de fait, en concédant toutefois que la consommation a connu, ces dernières années, une évolution inquiétante. Le responsable se base sur les données des différents organismes en charge de la question et les statistiques établies régulièrement par les services de sécurité (gendarmerie et Sûreté nationale). Le trafic des drogues dures, dans notre pays, n'est apparu qu'au début des années 2000. Du moins, ce n'est qu'à partir de cette période que les services en charge de la lutte contre la drogue ont commencé à effectuer les premières saisies de cocaïne et à arrêter des dealers. La première affaire du genre remonte à l'année 2001 lorsque les douaniers du port d'Oran trouvent des traces de cette substance dans un camion frigorifique transportant 15 tonnes de beurre. La marchandise prohibée n'a jamais été trouvée, mais les analyses effectuées par scanner le 9 septembre de la même année ont confirmé la présence de traces de cocaïne dans une cache de 3 mètres de long aménagée à l'arrière du camion. Depuis, des saisies sporadiques sont effectuées, mais restent le plus souvent insignifiantes. A titre d'exemple, durant toute l'année 2005, les services de gendarmerie n'ont saisi que… 66,55 g de cocaïne, 88,73 g d'héroïne et 480 g d'opium. L'année d'après, les saisies sont beaucoup plus importantes puisqu'en sus de 15,2 g d'héroïne et 12,2 g d'opium, les gendarmes effectuent une prise record en mettant la main sur pas moins de 7 kilogrammes de cocaïne dans la région comprise entre les wilayas de Annaba et El-Tarf. L'annonce a mis en alerte les services de lutte contre le trafic et la consommation de drogue. Le chef du cinquième commandement régional de la gendarmerie nationale fut formel lors d'une conférence de presse : la quantité de cocaïne saisie était destinée à la consommation des grandes villes du pays. Le colonel avait précisé que derrière cette affaire, se trouvait un réseau activant à Annaba en coordination avec un autre réseau basé à Oran. Même si d'autres parties ont estimé que la drogue saisie ne faisait que transiter par l'Algérie en direction de l'Europe, en voulant pour preuve les 300 kg de cocaïne retrouvés en avril de la même année au large de la Mauritanie et destinés à approvisionner les pays de l'union européenne. Cependant aussi importante soit-elle, cette quantité demeure presque insignifiante devant les tonnes de kif traité saisies chaque année aux frontières est et à l'Ouest. D'aucuns s'interrogent s'il est possible pour une société qui découvre à peine les drogues dures de se transformer, sans transition, en un marché engloutissant d'un trait une tonne de cocaïne…