Hier, InfoSoir était absent des kiosques. La bêtise humaine, la négligence coupable, l'irresponsabilité et surtout le fait du prince — fait du prince qui sévit encore et malheureusement, et sur lequel glissent tous les beaux discours — en ont décidé ainsi. A un niveau qu'il faudra déterminer s'il y a un peu de justice dans ce pays qui nous appartient à nous tous, il a été décrété unilatéralement et abusivement que priorité, et priorité absolue, soit donnée à une revue où devaient s'afficher les portraits des candidats FLN aux législatives pour la wilaya de Boumerdès. Pour cela, il y avait beaucoup de remue-ménage, de fébrilité et d'excès de zèle au siège de la SIA. Cette revue de 24 pages en couleur a nécessité la mobilisation et le blocage de tous les moyens de la Société d'impression. En dépit de nos appels, de nos remarques sur le préjudice que subirait le seul quotidien du soir de toute l'Algérie, en dépit de nos protestations, rien n'y fit. Pour les responsables de la SIA et les commanditaires de la revue, rien d'autre ne devait être tiré avant ces «affiches électorales». Rien d'autre ne devait compter. Pourtant, Dieu sait qu'il n'y avait pas urgence, le départ de la course électorale n'étant prévue que 48 heures plus tard, à savoir jeudi. L'impression de cette revue partisane pouvait donc se faire dans l'après-midi, après le tirage d'InfoSoir, tirage qui aurait nécessité, travail technique compris, pas plus d'une heure. En fait, s'il n'y avait pas eu abus d'autorité et mépris, les lecteurs d'InfoSoir auraient trouvé, comme d'habitude, leur journal dans les kiosques et aux horaires habituels. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Jusqu'à 15h 30, nous avons insisté pour que le tirage du journal se fasse. C'était encore jouable. Un fax a été envoyé dans ce sens à la direction de la SIA. En vain. Au téléphone, assez expéditif, le directeur de la SIA nous a affirmé que ce ne serait qu'une «affaire» de 30 minutes. Mais voilà. «L'affaire» dura jusqu'au soir. Jusqu'à ce que nous soyons contraints de prendre la décision de ne pas tirer InfoSoir. Cela aurait été inutile à partir de 18 heures. Voilà les faits. Voilà les résultats lamentables et désolants où nous ont menés l'incurie et l'inculture de certains qui n'ont pas voulu comprendre le rôle d'un journal du soir ni que sa durée de vie quotidienne est limitée, contrairement à ses confrères du matin. Que dire de plus devant la bêtise humaine. Rien, si ce n'est exprimer des sentiments d'écœurement et de dégoût. Il ne nous reste, quant à nous, qu'à présenter nos excuses à nos lecteurs et annonceurs pour ne pas avoir été au rendez-vous pour des raisons indépendantes de notre inébranlable volonté de les servir. Législatives Coup d'envoi demain de la campagne La bataille des slogans Les différentes formations politiques en lice misent beaucoup sur le slogan pour séduire. Ce qui donne une profusion de formules innovantes pour les uns, éculées pour les autres. La campagne électorale pour les élections législatives du 17 mai s'ouvre officiellement demain. Les 24 formations politiques en lice et les indépendants dont les listes n'ont pas été rejetées auront deux semaines pour tenter de convaincre les 18.7 millions d'Algériens inscrits sur les listes électorales à coup de diagnostics, de propositions et, surtout, de promesses. Outre la confection des listes de candidature et l'élaboration des programmes, le choix du slogan revêt lui aussi une importance capitale pour séduire l'électeur et orienter son choix. Aussi, les 2 700 salles destinées à abriter les meetings électoraux à travers le territoire national vibreront, à coup sûr, 15 jours durant, au rythme de slogans soigneusement concoctés par les directeurs de campagne de tous bords. Allant de trouvailles originales à des formules franchement éculées, les slogans qui seront ressassés durant cette campagne par les quelque 12 000 candidats à la députation portent essentiellement sur trois thèmes porteurs, à savoir l'espoir, le changement et la souveraineté nationale. Le FLN qui aspire à garder sa mainmise sur la chambre basse du Parlement a opté pour la symbolique de la main tendue. «La main dans la main, pour construire une Algérie glorieuse» est, en effet, le slogan choisi par les stratèges du parti de Belkhadem et qui n'est pas sans rappeler l'Algérie «forte et digne» qui a porté Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême et la fameuse «main tendue» du défunt Mohamed Boudiaf à son retour au pays. Ce dernier semble avoir inspiré également le Rassemblement pour la culture et la démocratie qui a réussi la prouesse de placer des listes de candidature dans la quasi totalité des circonscriptions. Son slogan «Ensemble pour l'Algérie de demain» fait écho, de l'aveu même des responsables de la formation de Saïd Sadi, à «la sublime devise» du père de la révolution «L'Algérie avant tout». «Espoir, effort et stabilité» sera le mot d'ordre du RND pour tenter de reprendre son statut de parti majoritaire tandis que le Mouvement de la société pour la paix innove en proposant une forme de contrat aux électeurs : «Elisez-nous et demandez-nous des comptes». Fidèle à ses positions, le Parti des travailleurs met en avant la question de la souveraineté nationale en choisissant pour slogan «En défense de la souveraineté». Le PRA jouera la carte du renouveau en prônant une «Algérie nouvelle, forte et unie» et deux formations l'ANR et le FNA se partagent presque le même slogan : «Pour une alternative nationale et républicaine» pour le premier et «L'alternative» tout court pour le second. En optant pour «Non à la corruption et au désespoir !», le mouvement Ennahda reprend à son compte le thème de la lutte contre la corruption qui a constitué jusque-là un cheval de bataille pour son alter ego du MSP.