Résumé de la 2e partie n Le jeune comte est pris au piège. Non seulement, sa charge est, de plus en plus lourde, et le trajet de plus en plus éprouvant, mais en plus, la vieille sorcière a l'ingénieuse idée de grimper sur son dos ! Il gravit tout haletant la montagne et arriva enfin à la maison de la vieille, au moment même où il allait succomber à l'effort. Quand les oies aperçurent la vieille, elles étendirent leurs ailes en haut, le cou en avant, et coururent au-devant d'elle en poussant leur cri : «Houle, houle !» Derrière le troupeau marchait avec une baguette à la main une vieille créature, grande et forte, mais laide comme la nuit. «Mère, dit-elle à la vieille, vous est-il arrivé quelque chose ? vous êtes restée absente bien longtemps. — Point du tout, mon enfant, répondit-elle, il ne m'est rien arrivé de fâcheux ; au contraire, ce bon monsieur que tu vois m'a porté mon fardeau ; et encore, comme j'étais fatiguée, il m'a prise moi-même sur son dos. Le chemin ne nous a point du tout paru long, nous étions en bonne humeur, et n'avons cessé d'échanger de bons mots.» Enfin, la vieille se laissa glisser à terre ; elle enleva la charge du dos du jeune homme, les corbeilles de ses mains, le regarda gracieusement et lui dit : «Maintenant, asseyez-vous sur le banc devant la porte, et reposez-vous. Vous avez loyalement gagné votre salaire : aussi ne le perdrez-vous pas.» Puis elle dit à la gardeuse d'oies : «Rentre dans la maison, mon enfant t ; il n'est pas convenable que tu restes seule avec ce jeune monsieur ; il ne faut pas verser de l'huile sur le feu ; il pourrait bien devenir amoureux de toi.» Le comte ne savait s'il devait rire ou pleurer. «Une mignonne de cette façon, pensa-t-il tout bas, eût-elle trente ans de moins, ne me chatouillerait pas le cœur.» Cependant la vieille choya, caressa les oies comme des enfants, puis rentra avec sa fille dans la maison. Le jeune homme s'étendit sur le banc, sous un pommier sauvage. L'atmosphère était douce et tiède ; autour de lui s'étendait une vaste prairie, émaillée de primevères, de thym sauvage et de mille autres fleurs ; au milieu murmurait un clair ruisseau, éclairé des rayons du soleil ; et les oies blanches se promenaient sur les bords ou se plongeaient dans l'eau. «Cet endroit est délicieux, dit-il ; mais je suis si fatigué, que je ne puis tenir les yeux ouverts ; je veux dormir un peu. Pourvu qu'un coup de vent ne vienne pas enlever mes jambes ; car elles sont molles comme de l'amadou.» Quand il eut dormi un instant, la vieille vint et le réveilla en le secouant. «Lève-toi, dit-elle ; tu ne peux rester ici. Je t'ai un peu tourmenté, il est vrai, mais il ne t'en a pourtant pas coûté la vie. Maintenant je veux te donner ton salaire ; tu n'as pas besoin d'argent ni de bien ; je t'offre autre chose.» (à suivre...)