Générosité Ma Zlikha s?occupe surtout à aider les jeunes orphelines à fonder un foyer. Dans le petit village de Chelghoum Laïd, près de Constantine, tous les vendredis après la prière du d?hor, les gens, qui sortent de la grande mosquée, ont l?habitude de trouver assise sur une chaise, tout de blanc vêtue, un petit plateau sur ses genoux, Ma Zlikha, connue de tout le village, qui fait la collecte pour les pauvres. Tout le monde se fait un devoir de déposer son obole, si modeste soit-elle, avec un signe de tête pour la vieille dame qui remercie toujours avec un grand sourire. Elle est un peu l?ange gardien du village. Elle s?occupe surtout à aider les jeunes orphelines à fonder un foyer, en leur fournissant tout ce dont elles ont besoin. Car Ma Zlikha ne se contente pas seulement de faire la collecte auprès de ses concitoyens, mais surtout, elle participe à cette ?uvre de charité en travaillant. Issue d?une famille modeste, elle offre ses services pour rouler le couscous, faire la rechta, préparer la chekhchoukha, laver le linge. Bonne cuisinière, il ne se passe pas de fête sans qu?elle soit appelée pour préparer les repas. Dotée d?une santé de fer, elle a passé sa jeunesse à Yarjane, un petit village de Kabylie, où elle a épousé un veuf, père de six enfants et elle s?est dévouée pour leur éducation, se sentant comblée car elle était stérile. Ma Zlikha est une femme grande de taille, forte mais toute en muscles, résultat des durs travaux qu?elle a effectués toute sa vie durant. Ce qui frappe le plus chez elle, c?est son côté typiquement «femme arabe», les yeux toujours soulignés de khôl, les tatouages sur le menton et le front, qui font ressortir sa peau mate, son grand sourire généreux où brille une canine en or. Ses cheveux sont toujours teints au henné, ainsi que ses mains et la plante de ses pieds. Elle porte de belles gandouras fleuries, serrées à la taille par une ceinture d?argent, avec des kmems transparents qu?elle relâche, ou qu?elle enroule autour de ses épaules quand elle pétrit khobz eddar des fêtes, penchée sur de grandes guessaâs de bois, ou qu?elle roule le couscous d?une main énergique, maniant les tamis avec dextérité, vidant les plateaux sur des draps étendus au soleil pour faire sécher le couscous, ne s?arrêtant que lorsque ce dernier est remisé dans des sacs de toile. Ce jour-là, elle se trouve dans la cuisine d?une grande maison de Chelghoum Laïd, aux abords du village où un mariage bat son plein. Dans la cour, les hommes dansent en rangs, au son du tbal, à la manière chaouie. ? Quelle belle fête, Ma Zlikha, lui dit une jeune femme venue prendre les thermos de café au zhar, elle en profite pour faire quelques pas de danse entre les plateaux déposés sur le sol. (à suivre...)