Princesse, déclara le plus âgé des frères, tu es notre chère s?ur, tu t?occupes de nous comme une mère le ferait. Mais un homme a des yeux et un c?ur et ne peut résister longtemps devant la beauté et la grâce. Je vais te l?avouer, sans grands discours, nous t?aimons tous, chère princesse. Choisis parmi nous selon tes sentiments. Les autres ne se fâcheront pas, et tu resteras leur s?ur comme avant. ? Je vous aime tous, autant les uns que les autres, répondit doucement la jeune fille, vous m?avez si bien accueillie ! Vous êtes sages et courageux, mais j?ai déjà donné ma parole au prince Youcef que j?aime de tout mon c?ur. Le silence s?installa dans la pièce. Puis, soudain, les sept frères éclatèrent de rire. Princesse, dit l?un d?eux, excuse notre bêtise. Nous ne savions pas que tu étais fiancée. Oublie ce que nous t?avons dit. Nous serons tes frères fidèles. Pendant tout ce temps, au palais, la reine était toujours fâchée avec son miroir. Mais ses flatteries lui manquaient. Aussi le sortit-elle de dessous son lit. ? Miroir, précieux miroir, dis-moi qui est la plus belle ? demanda-t-elle. ? La plus belle, répondit le miroir, c?est la jeune princesse qui vit chez les sept frères dans une maison de l?autre côté de la forêt. La reine enragea, ses cris retentirent dans tout le palais. ? Infâme traîtresse ! hurla-t-elle à l?adresse de la jeune femme de chambre qu?elle avait fait appeler. Comment as-tu pu me mentir avec tant d?effronterie ? Pars sur-le- champ dans la maison des sept frères ! Et fait disparaître la princesse ou je te mets dans les mains du bourreau ! Affolée la femme de chambre n?avait plus qu?à obéir. Elle se déguisa en vieille religieuse et partit pour la forêt. La princesse était assise près de la fenêtre et regardait dehors en rêvant, quand le chien se mit à aboyer. Lui, d?habitude si calme, hurlait comme un loup en voyant venir une vieille religieuse. Elle se leva pour calmer l?animal, mais rien n?y fit. Il grogna même quand elle voulut s?approcher de la religieuse pour lui donner un morceau de pain. ? Qu?as-tu aujourd?hui, mon chien ? s?étonna la jeune fille. Laisse-moi passer, tu ne me reconnais plus ? Mais le chien grognait toujours, tous crocs dehors. La princesse n?eut pas d?autre solution que de lancer le morceau de pain à la vieille femme par-dessus la tête du chien enragé. ? Dieu te protège, murmura la religieuse. J?ai quelques chose à te donner en échange de ton morceau de pain. Elle sortit de dessous son habit une belle pomme rouge et lança à la jeune fille. ? Bon appétit ! dit-elle. Tu verras, cette pomme est douce et juteuse ? Puis, elle fit demi-tour et repartit vers la forêt. La princesse rentra dans la maison, suivie par le chien qui grognait toujours. ? Tais-toi, mon chien ! Calme-toi, dit-elle distraitement en s?asseyant à son rouet. Elle regarda la pomme brillante qui sentait si bon. Elle la coupa en deux. A l?intérieur se cachait une belle étoile de graines brun foncé. «Cette étoile va sûrement m?apporter du bonheur», se dit la jeune fille. Et elle la croqua à belles dents. Dans l?instant même, elle poussa un petit cri et tomba par terre. Les sept frères revinrent bientôt de la chasse. Ils appelèrent leur s?ur chérie, mais, à leur grande surprise, elle ne répondit pas. Le chien se mit à hurler à la mort sur le seuil de la porte. ? Vite, mes frères ! s?écria le plus âgé. Il est arrivé quelque chose ! Ils se précipitèrent à l?intérieur de la maison et découvrirent la jeune fille couchée à terre. Elle ne bougeait plus, ne respirait plus. ? Réveille-toi, petite s?ur ! dirent-ils tous ensemble en lui caressant les joues et en arrosant son front de larmes. Le chien grogna de nouveau. Il attrapa la pomme qui avait roulé sous le banc et y planta ses crocs avec rage. Il hurla de douleur et s?effondra. Les frères comprirent alors que la pomme était empoisonnée. Ils s?agenouillèrent près de la princesse et se mirent à prier. Puis, ils l?enveloppèrent dans un suaire, posèrent son corps sans vie sur le lit et l?ornèrent des plus belles fleurs de la prairie. Ils veillèrent pendant trois jours et trois nuits. Tout au long de ces heures, ils espéraient que leur s?ur allait se réveiller et que tout cela n?était qu?un affreux cauchemar. (à suivre...)