Comme les plumes sont liées aux oiseaux, la curiosité est liée aux femmes. La jeune fille se rendit donc à travers les marécages dans la forêt profonde. La domestique se saisit d?elle et l?attacha à un arbre avec une corde. Pourquoi es-tu fâchée ? demanda la jeune fille, la voix tremblante. Si je t?ai fait du mal, dis-le moi, je te demanderai pardon à genoux. La femme de chambre, qui n?était pas méchante, ne put résister : elle détacha la jeune princesse. ? Va où tes yeux te guident, la supplia-t-elle. Ne reviens pas au palais, ta belle-mère te tuerait ! Bientôt, on commença à chercher la princesse. Les gardes fouillèrent le palais de fond en comble. En vain. La princesse était introuvable. Pendant ce temps, la pauvre jeune fille errait dans la forêt à travers les buissons épineux. A l?aube, épuisée, elle aperçut une cabane. Elle allait s?approcher quand un chien aboya et s?élança vers elle. Elle prit peur, mais le chien lui fit fête comme s?il la connaissait depuis toujours. Il l?entraîna vers une courette bien tenue, juste à côté d?un petit jardin plein de fleurs. La maison était silencieuse, comme si tout le monde dormait. ? Il y a quelqu?un ? demanda la princesse. Mais personne ne lui répondit. La jeune fille poussa la porte qui émit un léger grincement et jeta un coup d??il à l?intérieur : de jolis tapis brodés ornaient les murs, une grande table de chêne trônait au centre et le feu crépitait dans un vieux poêle. ? Il y a quelqu?un ? répéta la jeune fille. Mais personne ne lui répondit. Elle pensa que les habitants de cette maison avaient dû sortir un moment et décida de les attendre. Pour passer le temps, elle donna un coup de balai au sol, nettoya la mèche de la lampe à huile, coupa du bois et raviva le feu dans le poêle. Elle n?avait pas dormi de la nuit et, comme elle était très fatiguée, elle s?assoupit sur un banc. Elle s?endormit aussitôt. Le temps passa comme l?eau de la source. Au loin, les cloches sonnèrent les douze coups de midi. Le portail du jardin grinça et, sur le seuil de la maison, apparurent sept frères vigoureux. ? Comme c?est propre ! s?exclama le plus âgé d?entre eux en secouant la tête. On dirait que quelqu?un est passé par ici. Qui es-tu, cher hôte ? N?aie pas peur, montre-toi. Si tu es un vieillard, nous serons volontiers tes petits-enfants. Si tu es un jeune homme, tu seras notre frère. Si tu es une femme âgée, nous te serrons dans nos bras comme notre mère et si tu es une jeune fille, tu seras notre s?ur. La jeune princesse se réveilla, se leva de son banc, sourit à ses hôtes en leur souhaitant le bonjour et les pria de l?excuser d?avoir franchi leur porte en leur absence. Les sept frères en restèrent médusés. Ils n?avaient jamais vu une telle beauté. ? Que les bras m?en tombent, chuchota le cadet, si ce n?est pas la jeune princesse, la fille de notre roi que l?on cherche partout. Les sept frères prirent soin de la princesse. Ils lui donnèrent la place d?honneur à leur table, lui offrirent des gâteaux et coururent chercher du cidre. Elle mangea peu, mais de bonne grâce. Puis ils l?installèrent dans une charmante chambre sous les combles et lui offrirent un lit confortable, pour qu?elle s?y repose. Un jour suivait l?autre? La jeune fille ne s?ennuyait jamais : elle faisait de la couture, lavait le linge, nettoyait la maison et cuisinait ce que les sept frères ramenaient de la chasse. Ces derniers étaient pleins d?énergie. Ils ne restaient jamais longtemps à la maison. Ils chassaient, parcourant la forêt profonde en tout sens, se battaient contre les forces ennemies, mais rentraient toujours avec plaisir à leur logis. Les sept frères étaient tombés amoureux de leur charmante maîtresse de maison. Ils faillirent même se battre pour elle ! Et puis un jour, après avoir longtemps discuté entre eux, ils frappèrent doucement à la porte de la chambre sous les combles. ? Vas-y, parle ! dirent six des frères au plus âgé d?entre eux. ? Qu?est-ce qui se passe ? demanda la princesse en riant. J?espère que vous ne tremblez pas de peur devant une jeune femme ! Dites-moi ce que vous avez sur le c?ur. (à suivre...)