Laxisme n Les pays du Nord ayant adopté des mesures restrictives, les multinationales du tabac concentrent leur intérêt sur les pays en voie de développement où la réglementation demeure permissive. Les spécialistes sont formels. Si rien n'est fait pour réduire le taux de propagation du tabac, celui-ci sera derrière la mort de 10 millions de personnes dans le monde d'ici 2030. Le gros de ces victimes sera comptabilisé dans les pays en voie de développement qui abritent actuellement plus de 80 % de la population mondiale de fumeurs qui, elle, est estimée à quelque 1,3 milliard d'individus. L'absence d'une prise de conscience réelle des dangers liés au tabagisme conjuguée au manque d'empressement des pouvoirs publics à imposer des législations drastiques et à mener des politiques de sensibilisation, font que les pays en développement continueront, dans les prochaines décennies, à payer chaque année un lourd tribut au tabac. D'autant plus que les mesures restrictives imposées par les gouvernements des pays développés dans leurs sociétés respectives n'ont pas manqué de se répercuter négativement sur les pays du Tiers-monde, en ce sens que les grandes multinationales de tabac concentrent désormais leurs efforts sur les pays du Sud où la réglementation reste encore permissive. Les projections pour l'année 2008 prévoient une nette augmentation du nombre de consommateurs dans les pays à faibles revenus tandis que dans les pays industrialisés la consommation se stabilisera à son niveau actuel ou connaîtra un déclin. En Afrique et au Moyen-Orient, la population de fumeurs augmentera d'environ 16 % durant la même période. En Algérie, qui, rappelons-le, a ratifié l'an dernier la convention de l'OMS de lutte contre le tabac, la situation n'est pas plus reluisante. Le nombre de fumeurs ne cesse de croître et touche de plus en plus les jeunes. A titre illustratif, le taux de prévalence global de la consommation de tabac (chez les hommes et les femmes) a plus que triplé en 20 ans, passant de 7,7 % en 1978 à 25 % en 1998. Si les spécialistes ne trouvent aucune peine à situer le taux de prévalence chez les hommes à environs 41 %, il n'en est pas de même chez les femmes. Pour des raisons évidentes, il n'est pas toujours aisé de recenser d'une manière fidèle le nombre de femmes qui fument dans une société traditionnelle. Il n'empêche que le taux des fumeuses dans notre pays est estimé par des études plus ou moins concordantes à 6%. Chez les jeunes, la situation est plus que préoccupante et appelle des mesures urgentes. Que l'on en juge : différentes enquêtes menées sur le terrain s'accordent à estimer que 60 % des 16-30 ans fument. Selon un récent sondage, le taux de prévalence est de 59 % chez les garçons et de 12 % chez les filles. La tranche d'âge la plus touchée reste celle des 25-30 ans avec 56 % de fumeurs, suivis des 20-24 ans avec 39 % et 15-19 ans (32%). Les jeunes touchent à la cigarette à un âge de plus en plus précoce puisque 45% affirment avoir fumé avant l'âge de 12 ans qui constitue la moyenne d'âge du début de la consommation de tabac. La même étude, menée auprès des élèves d'un lycée de Constantine fait ressortir que 30% des élèves ont déjà fumé. L'étude signale également que 80% des établissements tirés au sort ont des vendeurs de cigarettes à proximité. Il y a véritablement péril en la demeure.