Rien ne sera plus pareil pour les fumeurs qui devront payer leur paquet de cigarettes plus cher dès janvier prochain. Le tabac ne tue pas seulement mais il coûtera également entre 6 et 8 dinars plus cher dès 2010. La seule condition pour que cette augmentation soit effective est l'accord du Parlement auquel sera soumis le projet de loi de finances de 2010. C'est effectivement ce texte qui est en mesure de renchérir davantage ce produit consommé quotidiennement par des millions d'Algériens, jeunes et moins jeunes. C'est d'ailleurs, curieusement, le seul produit à avoir échappé aux hausses successives des prix de diverses marchandises, lesquelles n'ont épargné aucun produit proposé sur le marché pendant ces dernières années. L'espoir des autorités est de voir les caisses de l'Etat se remplir davantage afin de pouvoir financer certains services essentiels comme celui de la sécurité sociale. Car, il ne faut pas perdre de vue que les cancers causés par le tabac doivent être soignés alors que les thérapies mobilisées dans ce sens sont très coûteuses. Le gouvernement a bien tenté d'interdire le tabac dans les lieux publics dès le début des années 1990, mais cette mesure n'a eu que des effets limités. Il n'appartient pas à la loi de finances de statuer sur cet aspect qui relève plutôt de la santé publique. Outre les préoccupations liées à la santé, le gouvernement doit aussi s'atteler à juguler certains phénomènes qui nuisent aux finances publiques. Le trafic de tabac a toujours été une source de gains énormes pour les contrebandiers. C'est autant d'argent qui échappe au fisc car les quantités qui accèdent au territoire national ne sont pas soumises au paiement des taxes. La bande frontalière du Sud a toujours été un point de passage de quantités non négligeables de tabac. Les connexions des réseaux de trafiquants avec ceux du terrorisme ont aussi été mises en exergue à plusieurs reprises. A ce niveau, le trafic devient une menace pour la sécurité nationale. Par ailleurs, la composition du tabac échappe à tout contrôle et il y a beaucoup de cas où les normes sanitaires ne sont pas respectées, ce qui fait peser un danger sur la santé du consommateur. Les cigarettes provenant du réseau de contrebande sont souvent moins chères, que ce soit sur les marchés du Sud ou même dans ceux des villes du Nord, causant une concurrence déloyale préjudiciable pour la Snta. La détérioration de la qualité du tabac ne concerne pas que les cigarettes. Le tabac à chiquer est aussi victime de ce phénomène. En quelques années, on est ainsi passé d'un état de pénurie de tabac à une offre importante, mais sans parvenir à réguler ce marché. En principe, ce commerce est très encadré et seules les boutiques ayant obtenu une autorisation peuvent l'exercer. Or, il est constaté que l'activité privilégiée des jeunes est celle d'étaler des cartouches entières de tabac sur les trottoirs en affichant des prix défiant toute concurrence. L'autre méfait constaté quotidiennement est celui consistant à vendre du tabac à des enfants en bas âge, ce qui est contraire à toutes les recommandations de santé publique émises depuis des années. L'accoutumance au tabac dès le jeune âge peut générer des maladies incurables mais aussi une propension à adopter des comportements déviants, ce qui ne contribue guère à leur inculquer les règles de citoyenneté. Malgré le fait que tous les dangers du tabac sont démontrés, il n'en demeure pas moins que l'Etat ne veut surtout pas se départir d'une source de financement importante de son budget. Les autorités encouragent même la culture du tabac dans le pays. L'Etat est allé jusqu'à accorder des subventions aux agriculteurs se lançant dans ce créneau. A partir de là, il n'y a pas beaucoup de difficultés pour se rendre compte que les efforts du ministère de la Santé sont systématiquement annihilés par celui de l'Agriculture.