Colère n «Regardez cette villa coloniale sise à l'intérieur même de la résidence. Elle n'a pas été démolie pour des raisons faciles à deviner… » M. Oumira n'a pas l'ombre d'un doute. «Le directeur de la résidence d'Etat du Sahel est à l'origine de mon malheur.» Pour preuve, il exhibe un document signé par le responsable et adressé au wali délégué de Chéraga en date du 14 octobre 2006. Dans le document, on peut lire, notamment : «… la totalité des indus occupants se trouvant sur le site du projet 123 villas Les Dunes doit faire l'objet d'une évacuation, sans exclusive, y compris le site où se trouve la villa coloniale occupée par les familles Oumira…». Pourquoi une telle décision alors que la maison se trouve à l'extérieur de la résidence. La victime tente une explication : «Peut-être ne veulent-ils pas de moi comme voisin…» Il reste également convaincu que s'il disposait de «connaissances solides», il n'aurait pas subi un tel sort. Montrant du doigt quelques habitations épargnées, il fulmine : «Regardez cette villa coloniale sise à l'intérieur même de la résidence. Elle n'a pas été démolie pour des raisons faciles à deviner…» Il est conforté dans sa conviction par le fait qu'une autre habitation, à l'autre bout de la route, n'a pas été touchée non plus. «C'est une construction illicite. Elle est située, comme la mienne, à proximité de la résidence. Je me demande bien pourquoi ses propriétaires n'ont pas été inquiétés.» Il ne dénonce pas que ce «deux poids, deux mesures». Il en a aussi contre le revirement des autorités et la manière dont il a été expulsé, lui et toute sa famille, à une heure indue de la nuit. «Je n'ai même pas pu sortir la totalité de mes meubles et des effets de mes enfants. Les autorités n'ont rien voulu entendre. Mes enfants sont encore sous le choc», dénonce-t-il. Aujourd'hui, il veut être indemnisé à hauteur du préjudice subi. «Environ 800 millions de centimes. En plus, des objets que je n'ai pu sauver, il faut dire que juste avant la démolition, j'avais procédé à des travaux d'aménagement dans ma maison. J'avais notamment changé la boiserie et installé une salle de bains… » Bien entendu, les autorités ne l'ont pas jeté dans la rue. Il a bénéficié, ainsi que les veuves de ses défunts frères et sa mère, de 4 logements à la nouvelle cité Belle-Vue de Aïn Bénian, initialement destinée à recaser les sinistrés du 21 mai 2003. «J'ai habité toute ma vie dans une maison individuelle et je veux bénéficier au moins d'un lot de terrain pour en construire une autre. Les logements qui nous ont été attribués sont loin de valoir deux superbes petites villas et un jardin de 2 000 m2. Soit deux maisons qui représentent tout pour nous. Je n'accepte pas cette indemnisation. D'autant que mon expulsion ne repose sur aucun fondement légal et relève d'un déni de justice grave», assure-t-il. Il a frappé à toutes les portes. En vain. Il a saisi le wali délégué, le président d'APC, les organisations des droits de l'homme, la presse… Il lui reste la justice, en dernier recours. Deux procédures engagées, l'une en civil et l'autre en pénal et le bonhomme ne désespère pas… En attendant, à l'emplacement de ce qui fut sa maison, des baraques sont érigées pour abriter les ouvriers de la société chinoise en charge de l'extension de la résidence d'Etat.