Expérience n Peut-on parler d'un théâtre maghrébin, ancré dans une géographie partagée et dans une sphère sociale et culturelle commune ? Parler d'un théâtre maghrébin est en effet le vœu des professionnels du 4e art (marocains, algériens et tunisiens). Tous s'accordent à dire qu'il n'y a pas de grandes différences entre l'un et l'autre. C'est un même langage puisé dans une même source culturelle et linguistique, à savoir le patrimoine populaire – et même le contexte historique. Abdelkrim Berchid, dramaturge marocain, estime que le théâtre algérien se révèle identique à celui qui se pratique au Maroc. «Il y a une forte ressemblance dans le fond et les questions thématiques», a-t-il souligné, avant d'ajouter qu'il s'agit «d'un théâtre commun puisqu'il s'est initié à partir de la même plateforme : langagière (registre linguistique), intellectuelle et civilisationnelle». Il a indiqué que ce théâtre est nourri par un imaginaire qui, lui, est puisé dans le patrimoine culturel populaire. Cela revient aussitôt à dire que ce patrimoine qui est commun à tous les pays du Maghreb constitue un substrat, une richesse et un réservoir d'authenticité. Il a, cependant, relevé quelques divergences dans la manière d'utiliser ce langage scénique, différence qui, selon lui, apparaît surtout au niveau stylistique – et parfois esthétique. Cette différence apparaît également dans la manière de gérer (administrativement parlant) la pratique théâtrale. Mais il est question, dans l'ensemble et au fond, d'un seul et même théâtre. Et l'on ne peut dissocier l'un de l'autre ou expliquer l'un sans l'autre. Moundji Benbrahim, metteur en scène tunisien, a, pour sa part, abondé dans le même sens que Abdelkrim Berchid, avant de souligner l'importance de développer un théâtre maghrébin commun. «Un théâtre maghrébin relève d'un rêve partagé. Tous, en Tunisie, en Algérie ou encore au Maroc, nous ne cessons de rêver d'un théâtre qui met en scène cette culture maghrébine que nous avons en partage. Car lorsque nous nous rencontrons dans les festivals, nous rêvons d'un théâtre maghrébin et nous aspirons à un travail commun.» Si l'on peut parler d'un théâtre maghrébin, c'est parce que «les pays du Maghreb possèdent des ressources culturelles collectives, des expériences historiques semblables et un parcours théâtral commun», d'où la nécessité, selon lui, de concentrer tous les efforts, toute l'énergie créatrice et l'imaginaire populaire en vue de les ramener à une seule et même action, créant ainsi un environnement favorable à un travail mutuel. Cet avis est également partagé entre les professionnels du théâtre algérien qui voient dans le théâtre marocain ou tunisien une richesse et complémentarité au théâtre algérien. L'idée d'un théâtre maghrébin s'est distinctement illustrée à travers El-Hakaouati El Akhir (le dernier conteur), une pièce écrite par Abdelkrim Berchid, mise en scène par Moundji Benbrahim et produite par le théâtre national, et ce dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», et qui a été, rappelons-le, présentée, lors de l'ouverture de la saison théâtrale en janvier 2007. l L'homme de théâtre syrien Assaad Fodha a été honoré, samedi, par le théâtre national. Cet hommage entre dans le cadre de l'édition arabe du festival national du théâtre professionnel. Assaad Fodha, metteur en scène et comédien, a exprimé sa satisfaction. «Je suis profondément touché par cette marque d'estime et de reconnaissance que le théâtre algérien m'a dédié», a-t-il dit, avant de mettre l'accent sur «la diversité et la richesse du théâtre algérien, ce qui présage d'un avenir radieux pour le quatrième art». Pour sa part, le commissaire du festival national du théâtre professionnel, M'hamed Benguettaf a affirmé que la distinction de l'artiste syrien Assaad Fodha «se veut un hommage et une reconnaissance de la place qu'occupe l'homme dans le monde artistique et ses nombreuses contributions au service de l'art et de la culture arabes». L'animateur du théâtre amateur, Hamlaoui Abdallah et l'écrivain-journaliste et critique théâtral, Djeroua Allaoua Wahbi ont également été honorés à cette occasion, en reconnaissance de leur apport au quatrième art et au développement et à la promotion de la culture algérienne.