Dévotion n Les peuples du Tibet et de l'ancienne Egypte vouaient une admiration sans limite au singe. Un animal sacré, comme il l'était autrefois dans nos contrées. Les Berbères ont-ils pratiqué, à l'instar d'autres peuples anciens, comme les Egyptiens, la zoolâtrie ou culte des animaux ? Les auteurs antiques ont décrit des pratiques qui s'apparentent bien à un culte. Il n'y a pas de doute que nos ancêtres, avant tout agriculteurs et éleveurs, devaient accorder une importance très grande aux animaux, allant jusqu'à associer certains d'entre eux aux rites de fécondité, voire à en faire des dieux. D'autres, même quand ils n'interviennent pas dans la vie agricole, étaient associés à d'autres symboles et étaient l'objet, sinon d'une adoration, du moins d'une grande vénération. Ainsi, selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l'Algérie vénéraient les singes qui pouvaient aller et venir dans les maisons sans être inquiétés. Dans une expédition à l'intérieur des terres maghrébines, Eumaque, lieutenant d'Agathocle, a traversé une région où les singes vivaient avec les hommes. Il y avait même dans cette région, trois villes qui portaient le nom du singe. Le périple de Scylax signale au IVe siècle, une autre ville, portant le nom du singe : cette ville était située entre Bizerte, en Tunisie, et Skikda, en Algérie. Aujourd'hui, le singe a beaucoup perdu de son «aura», mais il conserve, comme nous le verrons dans d'autres articles sur le bestiaire algérien et maghrébin, une certaine fascination. Signalons que dans de nombreuses cultures, le singe est un animal sacré. Dans l'Egypte antique déjà, il était l'incarnation du dieu Toth ; il représentait aussi les lettrés et les savants. Chez les Tibétains, il est le fils du ciel et de la terre et il accompagne le sages dans leur recherche de la vérité. Les hommes eux-mêmes, selon la tradition tibétaine, descendraient du singe. Chez les peuples indiens d'Amérique, le singe est un un héros civilisateur, inventeur du feu par frottement. La mythologie grecque en fait des hommes, les Cercopès, aventuriers des grands chemins et bandits que Zeus, le père des dieux, irrité par leurs facéties, a transformés en singes (à suivre...)