Il n'y a pas de doute que nos ancêtres, avant tout agriculteur et éleveur, devaient accorder une très grande importance aux animaux, allant jusqu'à associer certains d'entre eux aux rites de fécondité, voire à en faire des dieux. C'est par exemple le cas du bœuf ou du bélier, mais aussi des animaux qui n'étaient pas associés à la vie agricole. Au VIe siècle, l'écrivain latin, Corippus, signale que les Laguatan, une peuplade de Tripolitaine, dans l'actuelle Libye, rendaient un culte à un dieu-taureau, appelé Gurzil. Il était né, selon eux, de l'union du dieu Ammon – le fameux dieu égyptien que l'on soupçonne d'être d'origine berbère – avec une vache. Au moment des guerres, quand les Laguatan engageaient un combat, ils priaient Gurzil de leur assurer la victoire. Ils lâchent un taureau furieux qui sème la terreur parmi les ennemis. Les auteurs antiques citent aussi des sacrifices de taureau, dans les cultes autochtones du Maghreb. En fait, le culte du bœuf, chez les Berbères, est d'origine préhistorique. On le retrouve dans les peintures rupestres de la préhistoire. Aujourd'hui encore, il est associé, dans tout le Maghreb, aux rites de la fécondité : on le sacrifie aux cours des labours et des récoltes et dans les grands mawssim ou rassemblements autour des mausolées des saints. Le taureau symbolise la force et l'impétuosité de la vie : le sang versé sur le sol le vivifie et permet d'obtenir de belles récoltes.