Production n Le film est un essai sur le dispositif de projections itinérant des cinémas pops, inauguré par Vautier. Algérie : tours et détours est le premier documentaire présenté hier à la maison de la culture de Béjaïa, dans le cadre de la 5e édition des rencontres cinématographiques de la wilaya. Les organisateurs ont invité leurs hôtes au visionnage de ce premier «gros» documentaire, qui a valeur d'hommage rendu à René Vautier pour l'ensemble de son œuvre et pour son engagement à l'émancipation du cinéma national. Sous un titre, fort suggestif, qui sonne comme une expédition voyagiste, Algérie : tours et détours, Orian Brun-Moschetti et Leïla Morouche, tentent, une randonnée introspective à travers le pays, pour en révéler les contradictions, les blocages, les déceptions, mais aussi les ambitions, les appétences et les rêves. S'appuyant sur des fragments de vie, puisés du parcours cinématographique de René Vautier en Algérie, au lendemain de l'indépendance, et concluant à «l'échec» du cinéma national, le documentaire, en vient à faire une extrapolation sur le «blocage» de toute la société, y compris dans ses débats, soutient-on. «C'est à la limite de la caricature», opinera, Farid T., enseignant universitaire, visiblement déçu par les raccourcis et les symboliques empruntés à l'image d'une séquence sur le parc d'attractions de Tébessa, montrant des manèges en ruine. «Le documentaire qui privilégie la version de la faillite ne laisse pas de place à un autre regard ou une autre appréciation», commentera-t-il avant d'expliquer : «Assurément, le documentaire est parti sur des a priori. Il en est resté prisonnier». Le film, d'une durée de deux heures, se voulant initialement dans le fondement de sa trame, un essai sur le dispositif de projections itinérant des cinémas pop, inauguré par Vautier, «a pris d'autres tangentes». «La tentative de restituer un pan de la mémoire du cinéaste résistant, n'aura pas été très probante», commentera, un jeune cinéaste. Selon sa lecture, «l'approche autobiographique qui en est faite (de Vautier) a été du moins parcellaire, sinon dans un flot d'images, distendu par rapport au sujet et pas forcément expressive».