Rencontre n L'écrivain français, François Weyergans, lauréat en 2005 du Prix Goncourt, a animé, hier, dimanche, une rencontre littéraire, au complexe Laâdi-Flici au théâtre de verdure. Cette conférence a été animée par l'écrivain à l'occasion de la sortie à Alger de son livre Trois jours chez ma mère aux éditions Sedia. Un livre qui inaugure une nouvelle collection, Laurier, que les éditions Sedia viennent de lancer. L'objectif de cette nouvelle collection, qui est bilingue, est de faire éditer des auteurs qui ont eu des prix et de rendre leur produit accessible aux lecteurs algériens (le prix est fixé à 600 DA). La collection Laurier regroupe également deux autres romans : Les âmes grises de Philippe Claudel (Prix Renaudot 2003) et Marilyn, dernières séances de Michel Schneider (Prix Interallié 2006). Une responsable des éditions Sedia a fait savoir que ces deux auteurs seront invités en Algérie entre les mois d'octobre et novembre prochains pour présenter leurs romans. Le roman raconte l'histoire de François Weyergraf, le narrateur, qui, un jour, le jour de ses cinquante ans, décide, en annulant tous ses rendez-vous, d'aller passer trois jours chez sa mère pour souffler un peu et faire le point. «J'aborde dans ce roman le rapport fiction/réalité, autobiographie/roman. Je construis mon roman de manière à associer les deux, et ça m'amuse de faire de l'autofiction», a-t-il dit. Car il s'agit pour lui d'un jeu – serait-il récréatif ? – par lequel les histoires, vraies ou fictives, s'effilochent, s'entrecroisent ou se superposent. En effet, et en lisant le roman, l'on s'aperçoit d'emblée que le récit, et notamment à travers le personnage dont le nom François Weyergraf nous fait penser à François Weyergans, se révèle une autobiographie. Or ce n'est pas le cas. François Weyergans, l'auteur, aime brouiller les pistes, semer le doute, cultiver la confusion dans l'esprit des lecteurs. Il aime se situer à la frontière séparant la réalité de la fiction, frontière souvent mince et mouvante – et métamorphosable. L'on peut supposer toutefois que François Weyergraf peut être le double – mais jusqu'à un certain degré de correspondance – de François Weyergans parce que l'être de fiction est comme celui de la vie réelle à la fois écrivain et cinéaste. Il y a donc des similitudes qui nous font aussitôt penser à une autobiographie, autobiographie cependant romancée l'auteur refusant de se dévoiler, de se mettre à nu, préférant ainsi se dire en se dissimulant derrière des subterfuges du récit romanesque. Par ailleurs, le roman met en scène le personnage de la mère, personnage récurrent et qui y occupe une place assez particulière. «Il ne faut surtout pas penser qu'il s'agit de ma mère, loin de là. C'est juste une envie de montrer une femme qui, suite à la mort de son mari, continue, même à 80 ans, de vivre. Je présente une femme forte, indépendante et déterminée et qui assume sa vie sexuelle», a-t-il expliqué même s'il a tenu à préciser : «Mon idée est de ne pas penser à la vie sexuelle de nos parents.» La mère qui apparaît comme épanouie se révèle un personnage clé du roman dans la mesure où elle constitue une source de l'imaginaire de l'auteur. L'auteur restitue dans son roman sa vie. Chez sa mère, le temps d'un séjour, il prend du recul par rapport à sa vie. Il cherche à en faire le bilan : voir où il en est. Le roman aborde également le rapport qu'entretient l'auteur avec l'écriture, rapport apparaissant comme obsessionnel, affectif – et parfois conflictuel, voire violent.