Ce passionné de Godard s'est très tôt mis aussi à la critique cinématographique au sein du prestigieux les Cahiers du cinéma. L'auteur de Trois jours chez ma mère a animé, hier, sur initiative de l'Etablissement Arts et culture, une conférence de presse bien sympathique au théâtre de Verdure, en présence de Mme Radia Abed, des éditions Sédia, qui lance ainsi avec M.François Weyergans, la collection Laurier. Celle-ci sera enrichie, bientôt, par la publication en Algérie d'auteurs à succès, à l'instar de Philipe Claudel et Michel Shneider qui ont reçu des prix à l'étranger et seront présents à la prochaine Sila. Ces livres seront disponibles chez nous à 600 DA. Encore une nouveauté à saluer. Le présent auteur, que nous avons rencontré hier, n'est pas mal non plus! François Weyergans qui est aussi réalisateur belge, né en 1942, ne s'est pas départi de son humour décalé tout au long de la conférence de presse, un brin rêveur, ou nostalgique, il se souvient de ses 20 sur 20 en grammaire alors qu'il avait 15 ans. Cela promettait déjà. Ce passionné de Godard s'est très tôt mis aussi à la critique cinématographique au sein du prestigieux les Cahiers du cinéma. Il se plaira ainsi à parler du 7e art presque par réflexe, même si personne ne lui en parle. Puis il se retient, nous regarde, se tait et dit comme pour se justifier: «Le cinéma continue à traîner dans les romans que j'écris.» Abordant son roman qui lui a valu le prix Goncourt en 2005, l'écrivain fait remarquer qu'il est content de savoir que sa mère ait été considérée comme le personnage de son roman, ce qui lui a valu plus d'égards, par la suite, quand elle est tombée malade. «J'écris d'après les sentiments que j'ai. A partir de ça j'essaye de construire un kaléidoscope de sorte que tout le monde puisse se retrouver dedans. Le vrai narcissisme finalement est celui du lecteur pas chez l'écrivain..» l'auteur évoque sa mère, celle du héros de son livre par ricochet, de son besoin d'être ému pour écrire, du tabou qui fait qu'on n'aime pas généralement penser aux relations sexuelles de nos parents....«Il y a peut-être quelque chose d'antichrétien dans mon livre, le fait que je me rebiffe....» Et d'évoquer aussi le jeu de mots entre le nom de son personnage et le sien, cette doublure qui n'est pas lui, au fond..«C'est un pied de nez à cette mode d'auto-fiction qu'on érige parfois dans les documentaires ou les feuilletons qui racontent des histoires, d'après des faits divers... Les gens croient absolument qu'on va leur donner du vrai...» Retour au cinéma. François Weyergans qui continue à écrire des scénarios, souligne que son livre est construit un peu comme un film mais «cela ne fait pas de lui un sujet adaptable», reconnaît-il. A propos de la littérature maghrébine d'expression française, François Weyergans confie avoir lu Assia Djebbar, cite encore Driss Chraibi, Choukri, Tahar Benjelloun, qu'il qualifie plutôt d'écrivain parisien. «Je lis les écrivains maghrébin avec beaucoup de volupté» dit -il avant de reconsidérer la chose: «Je la connais, en fait, très mal.» dit-il et d'ajouter avec ironie: «Je suis un peu embarrassé, au Bac j'aurais eu 4 sur 20».Bifurquant de nouveau vers son roman, l'écrivain se remet à sourire car déclare-t-il, «les femmes trouvent que mes livres ne sont pas misogynes. C'est un peu normal, j'ai été élevé avec 4 soeurs et je n'aurai pas aimé avoir un frère. J'ai aimé le fait d'être le fils unique». L'écrivain, qui vient en Algérie pour la première fois, confie travailler la nuit jusqu'à 15h par jour. «Tout se passe dans la tête de toute façon, que ce soit sur papier ou sur micro-ordinateur. Il faut que ce que j'écris me satisfasse. Il faut avoir un esprit critique très vigilant.» de l'humour, des anecdotes mais du sérieux quand même! François Weyergans vous intéresse? Vous pourrez le rencontrer aujourd'hui à 14h à la librairie du tiers-monde.