Chemise grenat fermée jusqu'au cou, pantalon beige et baskets dans le style jeune, François Weyergans, prix Goncourt 20005, pour son succulent Trois jours chez ma mère,, a animé une conférence de presse dimanche dernier, au théâtre de Verdure. C'est la première fois que l'écrivain se déplace à Alger dont il ne connaît la littérature qu'à travers Nedjma de Kateb Yacine que son papa d'écrivain lui a fait découvrir tout jeune. Je suis arrivé hier, je n'ai pas encore d'impression sur cette ville, mais c'était bien dans l'avion !” ironise le conférencier venu présenter son Goncourt, édité en Algérie par Sedia dans la nouvelle collection Laurier. D'une finesse et d'une drôlerie qui vous laisse méditant, François Weyergans, entame cette rencontre avec la presse qu'a organisée Sedia de concert avec l'établissement Arts et culture, spontanément pour le 7e art. C'est que l'orateur a, non seulement été, longtemps critique dans, Les cahiers du cinéma, a réalisé documentaires et films, investi la scène du 4ème art, avant de se consacrer complètement à l'écriture, “ un travail qui ne demande pas autant de moyens que le cinéma”. “Le cinéma baisse un peu parce qu'il n'y a pas de financement pour ceux qui débutent, et qui veulent faire leur premier long métrage. C'est surtout la télé qui prend le relais ” révèle-t-il, ajoutant “ çà empêche la découverte de talents ”. Soulignant que le cinéma traîne dans la plupart de ses romans, François Weyergans avoue que le meilleur prix qu'il a eu c'était la note de 20/ 20 en grammaire quand il avait 15 ans. Le Goncourt ? “Ma mère a dit que c'était un beau roman. Elle était à l'hôpital et toute l'équipe médicale était à son chevet après la sortie de mon livre” raconte-t-il, ajoutant que c'est aussi çà les retombées de la littérature : “ On s'occupe de vos parents !” (rire). Il a mis prés de cinq ans pour boucler cette œuvre aussi drôle que profonde, alors qu'il avait signé un contrat avec Grasset et empoché d'avance les clauses. A propos de Trois jours chez ma mère, l'auteur explique que ce n'est pas une autobiographie, “il y a 2/3 de vrai dans ce que je raconte et 1/3 de faux. Y a que mieux qui sait le vrai du faux ” s'amuse-t-il encore, rappelant que “construire un livre doit obéir à la loi de la permissivité. Autrement dit, il faut le faire de façon à ce que tout le monde comprenne”. Dans Trois jours chez ma mère, l'auteur a expliqué qu'il avait d'abord pensé à la fin de ce récit, et c'est sur la base de cette idée que le livre s'est tissé en marche arrière. François Weyergans, qui écrit la nuit parfois “ pendant 24 heure sans interruption”, révèle que ce choix n'est pas technique, mais “c'est plutôt le silence qui l'intéresse puisqu'il n'est d'aucune tentation ”. Pour le Goncourt 2005, écrire est plus important que de publier car “quand le livre sort, vous vivez la chose comme la séparation d'un couple.” Sans se départir de son fin humour, François Weyergans dit penser écrire, le Quatrième jour chez ma mère. Il promet d'écrire plus vite puisque n'ayant pas 40 ans, (il a 68 ans). Le Goncourt 2005 a rencontré le public hier à la librairie du tiers-monde, où il a procédé à une vente-dédicace de son Trois jours chez ma mère publié en même temps que Salomon, un roman laissé dans les tiroirs pendant plus de 30 ans. “ Je ne voulais pas le publier parce il y avait des passages purement sexuels tirés de mon expérience personnelle; çà pouvait tuer mon père et déranger mes partenaires qui sont grand-mères maintenant !”