Appréhension n Les défenseurs de la langue amazighe ne souhaitent pas que l'expérience du HCA, qui affiche aujourd'hui un bilan bien maigre, soit reproduite. C'est désormais officiel, tamazight aura son académie. La décision de la création d'une telle institution a été entérinée, hier, par le gouvernement lors de sa réunion hebdomadaire. «Le Conseil de gouvernement a examiné et avalisé deux projets de décrets présidentiels présentés par le ministre de l'Education nationale et visant à créer des institutions ayant pour objectif sa promotion et son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national», lit-on dans un communiqué rendu public à l'issue du conseil. Le premier projet de décret, précise-t-on, porte création, missions, organisation et fonctionnement de l'Académie algérienne de la langue amazighe qui aura le caractère d'une «institution nationale scientifique et culturelle». Le second projet de décret examiné a pour objet de fixer la «création, les missions, l'organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la langue amazighe qui est une instance nationale». Les deux textes sont pris en application de l'article 3 bis de la constitution qui consacre tamazight comme langue nationale, ajoute le communiqué et consacre «la ferme volonté des pouvoirs publics d'accorder à cette dimension de notre identité nationale toutes les conditions aptes à lui permettre d'occuper la place qui lui revient dans notre société». A l'instar du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), créé, pour rappel, à l'issue de la «grève du cartable» en 1995, les deux nouvelles institutions seront placées sous la tutelle de la présidence de la République. Une initiative que ne manqueront pas de saluer tous les défenseurs de la langue et culture amazighes pour peu que les futures instances soient dotées des moyens financiers et surtout juridiques qui leur permettent de mener à bien leur mission qui consistent à «promouvoir et développer» la langue chère à Mouloud Mammeri. Il n'est pas souhaitable, en effet, que l'expérience du HCA soit reproduite. Présidée à sa création par feu Idir Aït Amrane, l'institution affiche aujourd'hui, plus de dix ans après sa mise en place, un maigre bilan sur le plan scientifique excepté quelques efforts dans le domaine de l'édition et des séminaires organisés sporadiquement. A noter, enfin, que la décision du gouvernement constitue le premier pas concret dans le sens de la traduction sur le terrain de la consécration de tamazight comme langue nationale.