Résumé de la 15e partie n Steve doit retrouver Sharon ce soir, ils doivent s'expliquer sur leur avenir dont Neil, le fils de Steve, est le principal obstacle. Sharon commençait à peine à réussir comme écrivain. Son livre en était à la sixième édition. Refusé par toutes les grandes maisons d'édition, il avait été directement publié en livre de poche. Mais les critiques et les ventes s'étaient révélées exceptionnellement bonnes. Etait-ce vraiment le moment de se marier ? De se marier avec un homme dont le fils la rejetait ? Steve. Inconsciemment, elle toucha son visage, se rappelant la chaleur des grandes mains douces quand il l'avait quittée ce matin. Ils étaient si désespérément amoureux l'un de l'autre... Mais comment accepterait-elle le côté inflexible, obstiné de son caractère ? Elle finit par s'assoupir. Presque aussitôt, elle se mit à rêver. Elle écrivait un article. Elle était sur le point de le terminer. C'était important de le terminer. Mais elle avait beau frapper de toutes ses forces sur les touches de la machine, pas un mot ne s'imprimait sur le papier. C'est alors que Steve entrait. Il tirait un jeune homme par le bras. Elle s'efforçait toujours de faire venir les mots sur le papier. Steve obligeait le garçon à s'asseoir. «Je suis navré, lui répétait-il, mais c'est nécessaire. Vous devez comprendre que c'est nécessaire.» Et tandis que Sharon tentait en vain de crier, Steve entravait de chaînes les poignets et les chevilles du jeune homme et tendait la main vers l'interrupteur. Le son d'une voix rauque la réveilla ? la sienne, qui hurlait : «Non... non... non...» A six heures moins cinq, dans les rues de Carley Connecticut, quelques rares personnes s'engouffraient dans les magasins, sans se soucier d'autre chose que d'échapper au froid neigeux de la nuit. L'homme, immobile dans l'ombre à l'angle du parking du restaurant Cabin, passait parfaitement inaperçu. Le visage cinglé par la neige, il scrutait sans cesse les alentours. Il était là depuis bientôt vingt minutes et il avait les pieds glacés. Agacé, il changea de position, et le bout de son soulier heurta le sac de toile à ses pieds. Il palpa les armes dans la poche de son pardessus. Elles étaient là, sous sa main. Il hocha la tête, satisfait. Les Lufts allaient arriver d'un moment à l'autre. Il avait téléphoné au restaurant et s'était fait confirmer la réservation pour six heures. Ils avaient l'intention de dîner avant d'aller voir Autant en emporte le vent de Selznick. Le film se jouait au Carley Square Theater, juste de l'autre côté de la rue. La séance de quatre heures était déjà commencée. Ils iraient à celle de sept heures trente. Il se raidit. Une voiture entrait dans le parking. Il recula derrière la bordure d'épicéas. C'était leur break. Il les regarda se garer près de l'entrée du restaurant. Le conducteur sortit et contourna la voiture pour aider sa femme à marcher sur le bitume glissant. Courbés contre le vent, accrochés l'un à l'autre, le pas maladroit, les Lufts se hâtaient vers la porte du restaurant. (à suivre...)